Le Sénégal s’intéresse au marché européen pour son GNL
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
29 septembre 2022 .
Temps de lecture :
3 min
Historiquement, le Qatar, le Japon, le Canada, les États-Unis et l’Australie se partagent l’essentiel des ventes mondiales de GNL. De nouveaux entrants font toutefois leur apparition ces dernières années, à l’image du Sénégal et de son gisement GTA. Initialement destinés aux clients asiatiques, les volumes extraits de ces champs pourraient aussi alimenter l’Europe.
Longtemps dépendants du gaz russe, les pays de l’UE intensifient leurs efforts pour diversifier leurs sources d’approvisionnement. Dans cette course contre-la-montre, les grands producteurs de GNL tels que les États-Unis, le Qatar et la Norvège ont pris de l’avance. Ces fournisseurs grignotent progressivement les parts de marché délaissées par Moscou. Néanmoins, les capitales européennes cherchent encore d’autres partenaires qui les aideront à se défaire totalement de l’emprise russe. Le Sénégal apparaît alors comme une alternative prometteuse, compte tenu du potentiel énorme du gisement de la Grande Tortue Ahmeyim. Les premières livraisons vers l’Europe pourraient intervenir dès 2024.
Surmonter l’obstacle du financement du projet GTA
Avec les marchés asiatiques, l’Europe constitue l’un des plus grands marchés de l’énergie au monde. Les énormes besoins exprimés par les pays européens suscitent la convoitise de nouveaux producteurs comme le Sénégal, qui ne figure pas encore dans le top 10 mondial selon le dernier comparatif gaz. Néanmoins, avec son gisement GTA dont les réserves sont évaluées à 500 milliards de mètres cubes, Dakar voit grand pour l’avenir. Ce projet est d’ailleurs bien avancé, les travaux de la phase 1 étant terminés à 83 % fin juillet. Pour exploiter pleinement cette précieuse ressource, le pays entend trouver d’autres investisseurs pour les phases 2 à 4.
Le président Macky Sall estime à 5 milliards d’euros le montant nécessaire à la réalisation des prochaines étapes du projet. Même en ces temps de crise énergétique, trouver ces fonds n’est pas évident. À la suite de la COP26 de Glasgow, les pays industrialisés se sont engagés à stopper le financement de nouveaux projets dans les énergies fossiles à partir de 2023. Certes, le Parlement européen a classé le gaz naturel comme une « énergie de transition » en juillet. Le soutien des pays européens au gaz sénégalais n’est pas acquis pour autant.
Les pouvoirs locaux prospectent ainsi d’autres clients potentiels, qui se trouvent… en Afrique. À moyen terme, l’Égypte et l’Afrique du Sud pourraient avoir besoin du GNL pour accélérer leur désengagement du charbon. L’Europe reste malgré tout une cible prioritaire du Sénégal.
10 millions de tonnes de GNL en 2030
Les ambitions du Sénégal sont à la hauteur des promesses de la Grande Tortue Ahmeyim. Dès 2023, Dakar compte extraire jusqu’à 2,5 millions de tonnes de GNL par an à partir de cet immense champ gazier, partagé avec la Mauritanie. La production augmentera graduellement jusqu’à atteindre 10 millions de tonnes par an à l’horizon 2030. Les responsables sénégalais ont déjà commencé les négociations avec les futurs acheteurs de ces produits fossiles. Les discussions avec l’Allemagne seraient déjà à un stade avancé.
Berlin pourrait recevoir ses premières livraisons en juillet 2024, à un prix jusqu’à trois fois plus cher que celui que BP a proposé en 2018. D’autres acheteurs sont aussi sur les rangs. Le directeur général de Petrosen – société pétrolière du Sénégal – confirme notamment l’intérêt de la République tchèque, du Portugal, de l’Italie et de la Pologne. Pour convaincre ces acheteurs, Petrosen mise sur la proximité du Sénégal avec les ports européens, un facteur qui réduit significativement les coûts et les délais de transport.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux