Les États-Unis peinent à augmenter leurs exportations de GNL en Europe
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
5 octobre 2022 .
Temps de lecture :
3 min
Principal fournisseur de gaz naturel de l’UE avant la guerre en Ukraine, la Russie a perdu ce statut à la suite du désengagement rapide entamé par les Vingt-Sept. Bruxelles s’en est remis à d’autres grands producteurs, dont les États unis, devenus entre-temps le leader mondial des exportations de GNL. La production américaine montre toutefois des signes d’essoufflement.
Pendant longtemps, le Qatar a dominé le marché mondial du gaz naturel liquéfié, grâce à des investissements massifs dans des terminaux de gazéification et une flotte de méthaniers qui abreuvent les ports asiatiques et européens.
Au cours de la dernière décennie, les États-Unis ont développé leur propre industrie de GNL, articulée autour d’usines de compression situées dans le golfe du Mexique. Le pays devient rapidement un poids lourd du marché, au point de dépasser le Qatar depuis le début de la guerre en Ukraine. Grâce au soutien de l’administration fédérale, les industriels du GNL ont augmenté leurs livraisons en Europe.
Des capacités extraordinaires proches de la saturation
Sur le plan économique et politique, les États-Unis sont les grands gagnants de l’abandon progressif du gaz russe par les Européens. Le pays a détrôné le Qatar et devient le premier exportateur de GNL selon le comparateur gaz de 2022. Pourtant, ce leadership est déjà menacé par l’incapacité des industriels à augmenter leurs exportations à court terme.
ImportantCertes, les entreprises américaines assurent actuellement 50 % des importations de gaz naturel liquéfié de l’UE – loin des 15 % fournis par le Qatar.
Les volumes acheminés sur le Vieux Continent représentent toutefois une infime partie de la production américaine. Ces livraisons correspondent à 11 % de la production nationale.
Connaissant les capacités de compression actuelles, le pays ne pourra pas exporter plus de 13 % son gaz à court terme. Plusieurs facteurs expliquent cette inertie. Ces dernières années, les compagnies pétrolières rechignent à injecter de l’argent frais dans le GNL, par crainte de subir des restrictions liées aux lois et aux protocoles mondiaux contre le réchauffement climatique. Les investisseurs ne veulent pas financer la construction de nouvelles raffineries ou de pipelines qui risquent d’être fermés du jour au lendemain.
Les industriels s’inquiètent aussi des risques politiques soulevés par les exportations européennes. Aux États-Unis, le prix du gaz augmente aussi, porté par une demande locale en hausse de 3 %. Craignant une pénurie, des responsables politiques appellent Washington à garantir la sécurité d’approvisionnement du marché intérieur, avant d’envisager une augmentation des livraisons vers l’Europe.
Des exportations redirigées principalement vers l’Europe
Les producteurs américains ont redirigé l’essentiel de leurs livraisons de GNL vers l’Europe à partir du printemps. Les ports européens absorbent jusqu’à 70 % des exportations venant de l’autre côté de l’Atlantique. Ce chiffre impressionnant est à nuancer. Les volumes transportés par les méthaniers américains ont augmenté de 20 % seulement depuis le début de la crise.
Les livraisons se sont même stabilisées depuis juin, à la suite d’un incendie qui a paralysé le port méthanier de Freeport, au Texas. Ce terminal ne retrouvera pas son rythme de production normal avant novembre. En attendant, les industriels américains ne disposent d’aucune alternative pour exporter le gaz produit en Virginie-Occidentale ou en Pennsylvanie, ces champs gaziers n’étant pas desservis par un gazoduc.
Ce blocage durera le temps que le projet de pipeline menant vers la baie de Chesapeake se concrétise. Les industriels américains devront alors se contenter de maintenir le rythme actuel. Cette attente fait l’affaire de la compagnie Cheniere, propriétaire des terminaux au Texas et en Louisiane, dont la capitalisation boursière a doublé en 12 mois.
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La rédaction Meilleurtaux