Le contexte en Europe de l’Est accentue les pressions haussières sur le prix du gaz
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
17 mars 2022 .
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3 min
Comme annoncé depuis l’apparition des premières tensions, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait s’envoler les prix du gaz sur le marché. En moins de trois semaines, le combustible bleu voit son cours renouer avec les niveaux records observés fin décembre. Pis, cette tendance haussière risque de s’installer durablement.
Sans entrer dans les argumentations et la propagande des deux belligérants, le conflit en Ukraine a de graves répercussions sur le marché de l’énergie en Europe. Dès le début de l’offensive russe, les places boursières s’affolent, emportées par la crainte d’un arrêt des importations de gaz naturel provenant de Russie.
Les marchés se sont calmés rapidement, après que l’UE et la Russie ont écarté cette hypothèse. Néanmoins, la possibilité d’une perturbation des livraisons russes à cause de cette guerre est bien réelle. Et cette éventualité alimente un climat anxiogène qui génère une forte volatilité sur les prix du gaz naturel.
Une forte dépendance préjudiciable à l’Europe
Dire que l’Europe dépend des livraisons de gaz russe serait un pléonasme. Selon le comparatif gaz de 2021, la Russie fournit 46 % des importations de combustible bleu de l’Union européenne. Pour certains pays d’Europe de l’Est, ce dernier représente plus de 75 % des importations énergétiques. La France fait partie des nations les moins exposées, avec 29 % des achats en gaz provenant de la Russie. L’Allemagne, elle, dépend à 55 % de l’approvisionnement russe. Cette disparité relativement forte résulte du mix énergétique de chaque pays.
L’Allemagne mise beaucoup sur les énergies renouvelables, qui souffrent encore de problèmes de maturité et d’instabilité liée aux conditions météorologiques. Pour compenser, le pays fait appel à des centrales à charbon et des centrales à gaz… alimentées par du gaz russe. En France, le gaz naturel pèse peu sur le mix énergétique, en raison de la domination du parc nucléaire dans la production d’électricité. Selon les derniers chiffres, l’atome assure jusqu’à 88 % de la production électrique sur le territoire français.
Peu importe la situation de chaque pays, l’Union européenne dans son ensemble reste tributaire du précieux combustible russe. Ce déséquilibre énergétique alimente les pressions haussières sur les marchés, aussi longtemps que le conflit durera. Pour les marchés, la Russie ou l’Europe pourra toujours user de ce levier dans le bras de fer les opposant sur la question ukrainienne. L’UE a déjà usé de cette carte le lendemain de l’invasion : l’Allemagne avait alors gelé le processus d’autorisation de Nord Stream 2, nouveau gazoduc programmé pour acheminer 55 milliards de mètres cubes de gaz russe par an en Europe.
Une instabilité favorisée par les incertitudes
L’effet d’un embargo européen sur le gaz russe est loin d’être négligeable. Le lundi 7 mars, le cours du gaz sur le TTF néerlandais s’est envolé à 335 euros, après la diffusion de rumeurs selon lesquelles l’UE et les États unis envisageraient d’interdire les importations d’hydrocarbures russes. La tension est vite retombée après un démenti de Bruxelles. La situation demeure explosive malgré tout, en dépit des tentatives d’apaisement de l’UE et de ses partenaires.
Après l’Algérie, les États-Unis ont promis d’augmenter leurs livraisons de gaz en cas d’arrêt des livraisons russes. Cependant, l’apport américain sera insuffisant pour couvrir les besoins des pays de l’UE. Devant cette perspective, certains analystes entrevoient un rationnement de la consommation de gaz en Europe. Bruno Le Maire ne dit pas le contraire. Le ministre de l’Économie français a souligné que tous les Français et Européens devront « faire un effort » sur les consommations d’énergie, pour réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie.
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La rédaction Meilleurtaux