La coupure des livraisons de gaz russe inquiète peu la France
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
27 juin 2022 .
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3 min
Dès les premiers jours du conflit en Ukraine, les dirigeants européens ont évoqué publiquement la possibilité d’un arrêt de l’approvisionnement en gaz par la Russie. Il aura fallu attendre deux mois pour voir cette menace se réaliser. Et la France vient de rejoindre la liste des pays victimes du chantage russe.
Avant l’invasion de l’Ukraine, la Russie fournit plus de 45 % des importations de gaz naturel de l’Union européenne. Cette forte dépendance fragilise les positions du bloc par rapport au voisin russe. Moscou en est bien conscient. Pour contrer les sanctions décidées par l’UE, Vladimir Poutine a déployé des mesures de rétorsion virulentes. Elles se traduisent par une réduction ou une coupure des livraisons de gaz aux pays les plus « hostiles ». Après la Bulgarie, la Pologne, le Danemark, les Pays-Bas et la Finlande, c’est au tour de la France d’être privée du combustible bleu venant de Russie.
Un impact moins douloureux pour la France
De la même manière que tous ses voisins et partenaires de l’UE, la France achète une partie de son gaz naturel à la Russie. Son exposition reste toutefois mesurée par rapport au reste du bloc, si l’on se tient compte du comparateur gaz de 2021. L’année dernière, l’Hexagone a acheté 17 % de ses besoins en gaz auprès du pays. Il est donc moins vulnérable au chantage russe, comparé à l’Allemagne ou la République tchèque, dont 55 % des importations en gaz proviennent des champs de Sibérie. Pour cette raison, la coupure des livraisons décidée par Moscou n’inquiète pas vraiment Paris.
Cet arrêt unilatéral a été largement anticipé par les dirigeants français. Après le début de la guerre, l’État et ses partenaires ont augmenté les importations de gaz via l’Espagne. Le pays a aussi multiplié les contrats d’approvisionnement en GNL. Depuis janvier,
ImportantLes achats de GNL par la France ont bondi de 60 %.
Le gaz liquéfié livré en France est fourni par la Norvège et les États-Unis, principalement. Confiant, le gestionnaire du réseau écarte tout risque de pénurie cet été. Les besoins des consommateurs français seront comblés, selon GRTgaz.
Des questions en suspens pour l’hiver
En revanche, des incertitudes planent autour de l’approvisionnement en gaz cet hiver. Même si les réserves stratégiques sont remplies à 55 %, le pays aura du mal à les reconstituer dans les temps : le GNL disponible à l’achat se fait rare sur les marchés. Cela n’empêche pas le gouvernement de maintenir le bouclier tarifaire pour les particuliers jusqu’à la fin de l’année.
Si la Russie ferme ses vannes pendant longtemps, la France devrait trouver d’autres sources d’approvisionnement pour couvrir tous les besoins des ménages et des centrales électriques cet hiver. Des analystes s’attendent à une activation du plan d’urgence sur le gaz, comme l’Allemagne a déjà fait la semaine dernière après la réduction des livraisons russes via le gazoduc Nord Stream 1. En plus de ce dispositif d’urgence, l’Hexagone pourrait faire appel au décret délestage. Cette mesure exceptionnelle permet à l’exécutif de rationner l’approvisionnement en gaz des entreprises et de l’industrie, afin d’alimenter les établissements prioritaires tels que les écoles et les hôpitaux.
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La rédaction Meilleurtaux