Des chercheurs suggèrent de renforcer l’encadrement du marché du gaz européen
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
8 juin 2022 .
Temps de lecture :
3 min
La fin de la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe n’est pas pour demain. Les dirigeants de l’UE en sont bien conscients. Cela étant, les chercheurs du Cepii estiment qu’il est possible de réduire l’exposition au gaz russe en améliorant la réglementation européenne, en renforçant le contrôle des comportements et en optimisant les stocks.
L’année dernière, la Russie a assuré 40 % des importations de produits pétroliers, 30 % des achats de pétrole et plus de 40 % des achats en gaz de l’Union européenne. Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, Bruxelles cherche activement à réduire sa dépendance aux hydrocarbures russes, pour avoir les coudées franches sur le plan diplomatique. Les Vingt-Sept ont ainsi trouvé un accord portant sur un embargo progressif visant le pétrole russe. L’UE entend se défaire de 90 % de ses importations de pétrole russe d’ici fin 2022. Le Cepii estime que cette entente est insuffisante pour supprimer définitivement la dépendance aux hydrocarbures russes.
Plaidoyer pour une meilleure répartition du stockage
Dans leur rapport publié la semaine dernière, les chercheurs du Centre d’études prospectives et d’informations internationales livrent une vision critique et réaliste du dilemme énergétique auquel l’Europe fait face. Les auteurs reconnaissent d’emblée que l’UE aura du mal à constituer un front uni pour négocier directement, en tant qu’entité unique, auprès des principaux producteurs de gaz. Cela permettrait pourtant d’avoir plus de poids dans les négociations et d’obtenir plus facilement un tarif gaz intéressant.
Pour le Cepii, les degrés d’exposition différents au gaz russe empêchent une telle union. Les auteurs de l’étude mettent aussi en garde contre la tentation d’échanger une dépendance aux livraisons russes contre une relation tout aussi déséquilibrée avec les pays du Golfe. Les chercheurs estiment que la lutte contre la dépendance envers la Russie va de pair avec l’accélération de la transition énergétique à l’échelle européenne.
Ces scientifiques proposent d’autres solutions, dont l’instauration d’une réglementation plus stricte concernant les stocks de gaz.
Le Cepii estime que ces réserves stratégiques – lesquelles existent déjà en France et dans certains pays européens – doivent devenir la norme dans toute l’Union européenne. L’institut appelle les dirigeants des Vingt-Sept à commencer au plus vite un travail de fond sur le sujet, afin de déterminer les caractéristiques techniques de ces stockages stratégiques.
Renforcer la surveillance des pratiques des fournisseurs
À défaut de solutions techniques concrètes dans l’immédiat, les chercheurs du Cepii attirent l’attention sur les comportements des fournisseurs et des distributeurs.
Pour prévenir les abus, l’organisme préconise un suivi rapproché des filiales des compagnies énergétiques extraeuropéennes.
Les agents de contrôle devront notamment identifier et rapporter les pratiques susceptibles d’aggraver les tensions sur les prix au niveau :
- Du stockage ;
- De la regazéification ;
- Du transport.
Le contrôle des flux gaziers et pétroliers permettrait aussi d’évaluer les capacités non utilisées et de les rediriger plus rapidement sur les marchés secondaires. Le Cepii croit que la réglementation doit favoriser la concurrence dans tout l’espace économique européen, afin de réduire les écarts de prix qui ne sont pas imputables aux coûts de transport. Bien entendu, ces solutions offrent un meilleur résultat si l’UE parvient à diversifier ses sources d’approvisionnement en pétrole et en gaz.
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La rédaction Meilleurtaux