Le géant allemand Uniper espère un sauvetage de la part de l’État fédéral
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
12 juillet 2022 .
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3 min
Dès le début de la crise de l’énergie en Europe, les petits fournisseurs ont peiné face à l’augmentation alarmante des prix du gaz. Des dizaines de compagnies se sont vues obligées de fermer sur le continent. Ces difficultés semblent s’étendre maintenant aux grandes entreprises. En Allemagne, le géant Uniper en appelle même à l’intervention de l’État.
Uniper fait partie des plus grands groupes énergétiques européens spécialisés dans les combustibles fossiles. Ce positionnement le rend vulnérable à la situation actuelle, marquée par une forte volatilité des hydrocarbures. La compagnie allemande souffre surtout en raison de sa forte dépendance vis-à-vis de la Russie. Elle achète en effet 54 % de ses volumes de combustible bleu auprès du pays de Vladimir Poutine.
Plus grand importateur de gaz outre-Rhin, Uniper se retrouve en première ligne face à l’envolée des prix de cette matière première. En cas de faillite, l’entreprise entraînera pourtant dans sa chute d’autres compagnies allemandes et européennes.
Risque d’effet systémique sur l’industrie énergétique européenne
Avant la guerre en Ukraine, Uniper était l’un des plus gros clients de Gazprom. Depuis quelques semaines, les livraisons du géant russe ont diminué de manière drastique. Le comparatif gaz du mois de juin montre que le fournisseur allemand ne reçoit plus que 40 % des volumes qu’il obtient habituellement depuis la Russie. Ce changement l’oblige à s’approvisionner sur les marchés pour remplir ses quotas, alors que les prix y atteignent des sommets dernièrement.
La réglementation allemande ne l’autorise pourtant pas à répercuter cette hausse de prix sur la facture du client, à moins d’une réforme décidée par l’État fédéral. L’opération pèse lourdement sur les finances du groupe. Selon les analystes de Citi, Uniper perd environ 30 millions d’euros par jour – soit un peu moins de 1 milliard d’euros par mois. Cette estimation ne comprend pas encore les garanties de livraison prélevées directement dans ses réserves de cash. À ce rythme, il se dirige tout droit vers une faillite qui impactera tout le système énergétique allemand.
La banqueroute d’Uniper entraînera l’arrêt ou le dérèglement des activités de centaines de fournisseurs d’énergie et de services publics municipaux qui dépendent de ses livraisons. Robert Habeck, ministre de l’Économie allemand,
ImportantÉvoque même un risque d’« effet systémique » qui impactera d’autres géants de l’énergie.
Mais Engie et RWE rassurent les marchés. Ce dernier affirme que ses réserves sont remplies à 80 % et que son exposition au gaz russe a fortement diminué. Chez Engie, la direction met en avant la solidité du modèle commercial, fondé sur une diversification des sources d’approvisionnement et la poursuite du remplissage des stocks.
Réaction très attendue du gouvernement allemand
Malgré ces tentatives d’assurance, les titres d’Engie et de RWE ont dévissé sur les marchés. Après l’appel à l’aide d’Uniper, le gouvernement allemand a revu sa position. Très réticente aux plans de sauvetage impliquant une intervention de l’État fédéral, l’Allemagne s’apprête à entrer au capital d’Uniper.
Le gouvernement a présenté le 5 juillet un projet consistant à « faciliter les prises de décision » concernant le capital des entreprises énergétiques. Selon les rumeurs,
ImportantL’État fédéral pourrait injecter entre trois et neuf milliards d’euros dans le capital d’Uniper.
Sans confirmer cette fourchette, Berlin reconnaît être en discussion avec la compagnie au sujet d’un probable plan de sauvetage.
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La rédaction Meilleurtaux