Le marché des certificats carbone attire de plus en plus de start-ups
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
3 février 2022 .
Temps de lecture :
3 min
La France ambitionne de devenir neutre en carbone à l’horizon 2050. Cet objectif est irréalisable sans le concours des acteurs économiques et des industriels. Afin de les impliquer dans cette vaste transition, l’État a créé le label bas carbone censé optimiser les échanges de quotas d’émissions entre les entreprises locales et internationales.
Pour inciter les grands pollueurs à devenir plus responsables, l’Europe a mis en place le système d’échange de quotas carbone. Sur ce marché, les grandes entreprises achètent des droits à polluer auprès des collectivités, des États et des organismes qui possèdent des excédents de « crédits carbone ».
Ces vendeurs exploitent ou gèrent des champs, de grands espaces et autres écosystèmes qui absorbent plus de carbone qu’ils en émettent. Afin d’améliorer ce système d’échange, la France a créé un label qui certifie les projets offrant le plus de crédits carbone. Cette innovation donne naissance à un nouveau marché convoité par les start-ups… et les agriculteurs.
L’intérêt croissant des exploitants agricoles et des start-ups
Le tarif gaz sur les marchés de gros dépend en partie du cours du carbone sur l’ETS-EU, le système d’échanges de quotas d’émission de l’Union européenne. Or, les cours du CO2 ont atteint des sommets ces derniers mois, à cause d’une réduction des droits à polluer accordés aux entreprises. Pour y remédier, les États imaginent des solutions assez originales. En France, la parade prend la forme de crédits carbone vendus par les agriculteurs.
Le principe se veut simple : en échange de ses engagements à verdir ses pratiques agricoles, un exploitant dispose de crédits carbone proportionnels à la capacité d’absorption en CO2 de ses champs. Il peut revendre ces droits à des entreprises ou des collectivités qui veulent compenser leurs propres émissions. Agrosolutions conseille actuellement 500 exploitants novices sur ce marché. Avec son outil Carbon Extract, la filiale du groupe Bioline espère aider 20 000 autres agriculteurs. Pour les exploitants, la vente de crédits carbone rapporte un supplément de revenu indispensable au financement de la transformation de leur modèle agricole.
De leur côté, les start-ups font le lien entre les entreprises soucieuses de compenser leurs émissions et les propriétaires de puits de carbone certifiés en France. Même si ce système semble prometteur, il n’est pas infaillible. Certaines organisations craignent que les acheteurs de crédits usent de ce dispositif pour faire du « greenwashing ». Au lieu d’investir dans le verdissement de leurs propres activités, ils se contenteraient de compenser leurs émissions et réduire artificiellement leur empreinte carbone.
Un label dédié pour limiter les dérapages
Le ministère de la Transition écologique a identifié ce risque en amont, d’où sa décision de créer le label bas carbone. Cette certification encadre la méthodologie et les critères d’évaluation des crédits carbone générés par les bois, les champs et même les pâturages. Un premier diagnostic permet d’estimer la quantité de carbone pouvant être séquestrée par une exploitation et d’identifier les axes d’amélioration. Le label prévoit un autre audit externe pour suivre les engagements pris par l’exploitant.
Depuis son lancement, ce label a été décerné à environ 152 projets. Ce chiffre n’a de cesse de croître grâce à l’accompagnement de start-ups telles que :
- Rize ;
- Agrosolutions.
Ces acteurs aident les cultivateurs à mieux valoriser les capacités d’absorption en carbone de leurs champs. Selon les estimations de l’Ademe, entre 20 000 et 30 000 exploitations agricoles seront en mesure de vendre des crédits carbone d’ici 2025. Entre 3 et 4 milliards de tonnes de CO2 seraient séquestrés dans les 30 premiers centimètres du sol français. À 80 euros la tonne de CO2 en décembre 2021, on comprend mieux la montée de la fièvre du carbone chez les agriculteurs comme chez les start-ups, qui veulent tous exploiter ce filon.
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La rédaction Meilleurtaux