Le prix du gaz américain crée des tensions entre l’Europe et les États-Unis
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
12 décembre 2022 .
Temps de lecture :
3 min
- Détails
- Publié le par Meilleurtaux Energie
En réaction à l’invasion de l’Ukraine, l’Union européenne a décidé d’accélérer la diversification de ses sources d’approvisionnement énergétique et de se défaire de sa dépendance au gaz russe. Cette réorientation stratégique profite aux Etats-Unis, devenus un grand fournisseur de gaz de l’Europe. Seulement, le prix de la molécule américaine fait tiquer les politiques européens.
- Depuis février, l’Europe privilégie surtout les importations de gaz en provenance des États-Unis.
- Aujourd’hui, les responsables politiques européens trouvent le prix du gaz américain trop élevé.
- Selon des analystes, le prix élevé du GNL américain vient des revendeurs et des importateurs européens.
Pendant plusieurs décennies, la Russie a acheminé quotidiennement plusieurs millions de mètres cubes de gaz naturel depuis les champs de l’Oural et de Sibérie jusqu’au cœur de l’Europe. Un réseau de pipelines géants relie directement les infrastructures de Gazprom aux centres de stockage et de distribution des opérateurs européens.
Depuis février, ce circuit a été bouleversé, l’Europe ayant décidé de privilégier les importations en provenance du Qatar et, surtout, des États-Unis. Le GNL américain a permis de sécuriser l’approvisionnement dans l’UE pour les prochains mois. Les Vingt-Sept souhaitent maintenant négocier le prix du gaz américain, jugé « astronomique » par plusieurs responsables politiques.
Chercher un prix d’équilibre sur les contrats à terme
La situation énergétique de l’Union européenne à court et moyen terme est relativement stabilisée. Les livraisons de GNL américain et qatari ont empêché le tarif gaz de s’envoler, tout en sécurisant l’approvisionnement durant l’hiver. Maintenant, les Européens regardent plus loin et envisagent déjà un système énergétique où le gaz russe n’a plus sa place.
Ce travail de planification se heurte à plusieurs obstacles, dont la concurrence accrue de l’Asie sur le marché mondial du GNL. L’autre sujet épineux porte sur le prix élevé du gaz naturel liquéfié livré par les compagnies américaines. Pour les responsables politiques européens,
Important Les prix actuels sont trop élevés et désavantagent clairement les entreprises et tous les consommateurs du Vieux-Continent.
Les Vingt-Sept ont déjà essayé de corriger les prix du GNL américain à l’aide du projet de régulation du marché basé sur le « mécanisme ibérique ». Ce dispositif permet à l’Espagne et au Portugal de plafonner le prix de l’électricité issue des centrales alimentées par du gaz naturel.
Le plan d’extension de ce mécanisme dans toute l’Europe échoue face aux réticences américaines et aux dissensions au cœur de l’UE. Après l’échec de cette première tentative, Bruxelles veut négocier directement avec Washington afin de trouver un prix d’équilibre pour les contrats de long terme sur le GNL. Le sujet a été évoqué par le président Emmanuel Macron lors de sa récente visite d’État aux USA.
Des prix élevés causés par les importateurs européens
Sans aller jusqu’à accuser les États-Unis de profiter de la guerre, les responsables politiques européens critiquent les prix trop élevés du GNL américain. Peu avant le déplacement du président français en Amérique,
Important Un haut responsable américain a alors rappelé que les livraisons de GNL vers l’Europe s’effectuent à travers des contrats de long terme conclus entre les compagnies américaines et européennes.
L’administration de Joe Biden n’aurait donc aucune influence sur les prix définis dans ces contrats. Ces affirmations sont corroborées par certains analystes.
Selon eux, le gaz américain fraîchement extrait des champs coûte 6 dollars par million de British thermal units. À la sortie des unités de liquéfaction, le coût monte à 9,9 dollars/MBtu, puis 13 dollars après intégration du coût de transport vers l’Europe. Les importateurs européens, comme Shell et EDF, revendent ensuite la marchandise à 37 dollars/Mbtu. Autrement dit, les écarts de prix significatifs entre le gaz américain et le GNL vendu en Europe viennent surtout des importateurs et des revendeurs… européens.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux