L’idée d’un gazoduc traversant la péninsule ibérique enthousiasme l’Europe centrale
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
24 août 2022 .
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3 min
En attendant 2027, l’Union européenne continue d’acheter en Russie une part significative de ses besoins en gaz. Les livraisons s’effectuent principalement depuis les pipelines Nord Stream, Yamal et Nabucco. Mais l’Europe veut abandonner ces circuits habituels et se tourner vers le front atlantique, où un projet de gazoduc depuis le Portugal se précise.
Afin de se défaire de sa dépendance au gaz russe, l’Europe investit massivement dans de nouvelles capacités d’importations de GNL. L’Espagne, la Grande-Bretagne et la France font figure de référence dans ce domaine.
Le Portugal est quelque peu en retard sur ce point, mais compte bien se rattraper dans les prochaines années. Le pays étudie aussi avec intérêt un projet de gazoduc qui traverse toute la péninsule ibérique jusqu’à atteindre l’Europe centrale. Un tel réseau facilitera l’acheminement du GNL depuis les côtes lusitaniennes jusqu’en France, en Allemagne, en Suisse et en Pologne, entre autres. Ce projet a déjà le soutien de :
- Madrid ;
- Lisbonne ;
- Berlin.
Une initiative suspendue à l’accord de la France
L’idée d’un gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale n’est pas nouvelle. Dès 2013, le projet MidCat, un gazoduc qui connecte la Catalogne au sud-est de la France, a émergé, avant d’être abandonné six ans plus tard faute d’accord de financement. Or, une telle interconnexion se révèle indispensable aujourd’hui, compte tenu des prix sur un comparateur gaz et des difficultés d’approvisionnement soulevées par la guerre en Ukraine.
Si, en 2018, la Commission européenne avait jugé qu’un gazoduc au cœur de l’Europe était peu rentable,
Important Elle risque de changer d’avis en regardant les conséquences d’une trop forte dépendance au combustible bleu fourni par la Russie.
En tout cas, les capitales européennes semblent soutenir massivement la construction d’un pipeline depuis le Portugal jusqu’en Allemagne. En Espagne, la ministre de l’Économie rappelle qu’une telle infrastructure pourrait être transformée pour l’acheminement d’hydrogène vert dans le futur.
Berlin apporte également son soutien : l’Allemagne fait partie des pays les plus vulnérables à un possible arrêt des livraisons de gaz russe. Le gouvernement allemand redouble ainsi d’efforts pour diversifier ses sources d’approvisionnement et garantir sa sécurité énergétique, même en cas de rupture des relations d’affaires avec la Russie. En ce sens, la construction d’un gazoduc traversant la péninsule ibérique sert les intérêts allemands. Cependant, pour que ce projet se réalise, l’accord de la France se révèle indispensable. Et comme avec MidCat en 2013, Paris n’est pas forcément enthousiaste à l’idée d’un pipeline supplémentaire sur son territoire.
Un projet de gazoduc différent de MidCat
Pour gagner le soutien de la France, Berlin, Lisbonne et Madrid affirment que le nouveau projet en question sera différent de l’ancien MidCat. Une source anonyme indique le contraire. Ce pipeline utiliserait une partie des tuyaux déjà installés en Catalogne dans le cadre du projet MidCat. En ajoutant ces infrastructures, l’opérateur Enagas n’a plus qu’à construire 100 km de conduits avant d’atteindre la frontière française. Le chantier durera entre 8 à 9 mois.
L’entreprise espagnole compte investir jusqu’à 370 millions d’euros dans ce projet. En parallèle, l’Espagne affirme pouvoir augmenter à court terme le volume des gaz envoyés en France depuis deux pipelines situés dans le Pays basque. En 3 mois, le pays pourrait livrer jusqu’à 2,5 % des besoins de l’UE, en ajoutant un compresseur supplémentaire sur son interconnexion avec l’Hexagone. Malgré tous ces arguments, la France reste muette. Le chancelier allemand préfère donc mettre la pression sur les institutions européennes, afin d’obtenir les autorisations préliminaires pour poursuivre les études autour du projet.
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La rédaction Meilleurtaux