L’Allemagne soumet l’autorisation de Nord Stream 2 à l’Union européenne
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
30 décembre 2021 .
Temps de lecture :
3 min
L’approbation du gazoduc Nord Stream 2 continuera d’alimenter les débats au moins jusqu’en septembre 2022. Alors que le pipeline géant, qui passe sous la mer Baltique, a été finalisé et partiellement rempli, l’Allemagne prend son temps avant d’autoriser son entrée en service. Le pays vient d’impliquer l’UE dans le débat.
Après une période d’accalmie en 2020, les prix du gaz se sont envolés à des niveaux records depuis janvier. En un an, les cours sur le marché européen ont été multipliés par dix. En cause, la Russie se refuse à augmenter ses livraisons, pour répondre à une demande croissante de ses clients européens. Le pays suspend sa décision d’élever sa production à l’obtention du feu vert de l’Allemagne pour l’entrée en service du gazoduc Nord Stream 2. De son côté, l’Allemagne exige que la Russie se conforme à la réglementation européenne en matière de séparation des activités de distribution et de transport.
Un casse-tête de plus pour l’Union européenne
En impliquant l’Union européenne dans la décision d’autoriser ou non le pipeline Nord Stream 2, l’Allemagne réalise un coup de maître d’un point de vue stratégique. D’abord, elle s’enlève une partie de la pression relative à la flambée du tarif gaz depuis le début de l’année. En effet, la situation devient critique sur les marchés : mardi avant Noël, le cours de référence TTF-néerlandais franchit la barre des 180 euros/MWh, avec un pic à plus de 187 euros à 15 heures.
Pour ne pas être seul responsable de cette inflation galopante par les autres pays européens, le gouvernement allemand a choisi le bon moment pour passer la patate chaude à l’UE. Ce partage de responsabilité ne résout pas le problème sous-jacent de la hausse des prix du gaz. Au-delà des pressions haussières sur les marchés mondiaux, le véritable problème porte sur la dépendance de l’Union européenne vis-à-vis du gaz naturel russe.
40 % des besoins en gaz du groupe des 27 sont couverts par la Russie. Au sein de l’UE, des voix se font de plus en plus insistantes pour se défaire de cette situation de dépendance. Certains pays s’opposent ainsi à la mise en service du gazoduc Nord Stream 2. Ces dissensions obligent la Russie à entrer dans le débat : le pays a promis d’augmenter ses livraisons, en contrepartie d’une certification du pipeline qui passe sous la mer Baltique.
Des tensions géopolitiques autour de l’Ukraine
L’Union européenne doit aussi effectuer son arbitrage en fonction de l’évolution de la situation en Ukraine. Ces dernières semaines, des renseignements militaires rapportent l’envoi de renforts de troupes et de matériels par la Russie à la frontière ukrainienne. Pour les dirigeants européens, le spectre d’une invasion russe de l’Ukraine ne relève plus de l’utopie. L’Allemagne, soutenue par les vingt-sept, s’oppose vivement à ce projet.
Comme elle manque cruellement de moyens de pression militaires sur le géant russe, elle se sert du levier Nord Stream 2. La ministre des Affaires étrangères allemande a déjà prévenu que l’escalade à la frontière ukrainienne impactera certainement le raccordement du pipeline au réseau gazier allemand. Le chancelier Olaf Scholz adopte le même ton et avertit sur de possibles « sanctions » en cas de violation de la frontière ukrainienne.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux