Les fournisseurs alternatifs poussent leurs clients dans les bras d’EDF
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
8 septembre 2022 .
Temps de lecture :
3 min
L’envolée des prix de l’électricité ne pénalise pas seulement les consommateurs. Les fournisseurs alternatifs perdent aussi beaucoup d’argent à cause de cette crise inédite. En guise de réaction, certains refusent les nouveaux clients, tandis que la majorité encourage leurs abonnés à se tourner vers l’offre réglementée d’EDF. Ce choix n’est pas sans conséquence.
Un an après le début de la spirale inflationniste de l’électricité, les offres d’abonnement sur le site du Médiateur de l’énergie s’amenuisent. Fin août, on y recense une quarantaine de propositions, soit deux fois moins que l’an dernier. Le tableau indique aussi une nette diminution du nombre de fournisseurs : seul un tiers des entreprises présentes l’année dernière s’y trouvent. Cette situation illustre parfaitement les difficultés des concurrentes d’EDF face à la flambée des prix de l’énergie. Les compagnies qui ont évité la faillite cherchent toujours un moyen de passer l’hiver. La parade peut se trouver dans le mécanisme de l’Arenh.
Une arme à double tranchant financée par le contribuable
Depuis 2012, le producteur historique d’électricité doit revendre un quart de sa production à ses concurrents et aux gros consommateurs au titre de l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique ou Arenh, ce qui correspond à 100 TWh par an selon la simulation EDF de l’époque. En réponse à la crise énergétique, l’État a relevé le plafond du dispositif à 120 térawattheures, l’idée étant de :
- Soulager les fournisseurs alternatifs ;
- Épargner une hausse brutale des factures d’électricité des ménages.
Malgré le coup de pouce du gouvernement, les sociétés de fourniture d’électricité peinent à résister à l’explosion des prix sur les marchés de gros. La situation devenant explosive, les concurrents d’EDF se débarrassent de leur portefeuille client, en encourageant les abonnés à revenir au tarif bleu du fournisseur historique. Cette manœuvre pourrait leur rapporter gros.
ImportantEn effet, ces compagnies sont libres de revendre sur le marché de gros les volumes qu’elles ont achetés à des tarifs relativement bas. Cela concerne aussi bien les :
- Quantités acquises sur les marchés avant l’été (à 150 euros/MWh) ;
- Lots obtenus dans le cadre de l’Arenh (46 euros/MWh).
Dans ce montage, EDF perd sur tous les tableaux. Plombé par la faible disponibilité de ses réacteurs nucléaires, l’électricien est déjà contraint de s’approvisionner sur les marchés, pour compléter les volumes supplémentaires demandés par l’État dans le cadre de l’Arenh. Cette compensation génère une moins-value de 10 milliards d’euros dans les comptes d’EDF. Le groupe doit en prime supporter le plafonnement des prix dicté par le bouclier tarifaire, en vigueur depuis février. Selon les dernières estimations, ce mécanisme de blocage des prix coûtera 16 milliards d’euros en 2022.
Des aides insuffisantes pour sauver les fournisseurs
En plus de l’Arenh, les fournisseurs alternatifs ont bénéficié d’autres aides financières de l’État.
Important La plus importante prend la forme d’une compensation directe sur les pertes prévisionnelles enregistrées entre le 1er février et le 31 décembre 2022.
En clair, l’État avance aux compagnies la différence entre le :
- Tarif prévisionnel sans le bouclier tarifaire ;
- Prix facturé réellement aux clients.
Ce dédommagement devait en théorie préserver les fournisseurs alternatifs d’une faillite certaine. Là encore, le coup de pouce n’a pas fonctionné, les prix du marché s’étant envolés à des niveaux records. Acculés, les fournisseurs décident d’augmenter leurs tarifs à partir d’octobre et d’abandonner les offres indexées sur les TRV. C’est la voie choisie par Mint Énergie, Iberdrola, GreenYellow et Ohm, entre autres. La hausse varie de 50 à 84 %, selon l’opérateur. En parallèle, ces entreprises invitent les clients les plus vulnérables à se réabonner aux tarifs réglementés d’EDF.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux