EDF continue son difficile jeu d’équilibriste sur le nucléaire
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
17 août 2022 .
Temps de lecture :
3 min
Privée du gaz russe depuis plusieurs semaines, la France s’inquiète d’une possible pénurie d’électricité cet hiver. Pour éviter le pire, le pays autorise EDF à maintenir la production sur certains réacteurs nucléaires, malgré l’élévation des températures des fleuves sous l’effet des rejets de liquide de refroidissement des centrales en activité.
Historiquement, le nucléaire a toujours offert un avantage compétitif à la France en matière de stabilité, de sécurité et de coût de production. Ces dernières années, la production d’électricité atomique de l’Hexagone souffre de nombreux problèmes, jusqu’à atteindre un niveau plancher cette année.
Cette année, EDF s’attend à une production 30 % inférieure au record de 430 TWh établi en 2005, soit entre 295 et 315 TWh. L’énergéticien explique cette baisse par les soucis de corrosion détectés dans les conduits de refroidissement secondaires, les inspections décennales retardées par le Covid… et, dernièrement, la canicule. L’équation est particulièrement compliquée à résoudre pour la compagnie.
Des centrales au ralenti au bord du Rhône et de la Garonne
Les centrales nucléaires françaises pompent l’eau des cours d’eau environnants pour faire fonctionner le système de refroidissement. Ce processus respecte des normes sécuritaires strictes, en plus des obligations environnementales relatives à la température des affluents après déversement de l’eau. Une simulation edf, permet de déterminer les limites à ne pas dépasser, pour maintenir la température de rejet au-dessous d’un niveau critique pour la faune et la flore.
Néanmoins, les centrales nucléaires peuvent obtenir des dérogations temporaires durant les épisodes de canicule, afin de faire fonctionner les infrastructures stratégiques. Celles situées au bord de la Garonne et du Rhône ont bénéficié de ces exceptions, dont :
- Saint-Alban (Isère), Bugey, Blayais (Gironde) ;
- Le site de production atomique de Golfech (Tarn-et-Garonne).
L’Autorité de sûreté nucléaire vient d’étendre ces dérogations temporaires jusqu’au 11 septembre. Le site nucléaire du Tricastin, à cheval entre le Vaucluse et la Drome, a aussi obtenu cette exemption. EDF précise que les réacteurs opérationnels sur ces sites tourneront au ralenti, pour ne pas dépasser les températures maximales de rejet en cette période de fortes chaleurs. Ces restrictions sont en vigueur depuis le 6 août.
Une baisse de production dommageable pour la France
Les dérogations environnementales et les restrictions de production sur une partie du parc nucléaire français interviennent à un moment difficile pour EDF. L’énergéticien doit composer avec des infrastructures affaiblies par des problèmes de corrosion, qui l’ont obligé à stopper 12 réacteurs , – sur un total de 56. 18 autres cœurs sont aussi à l’arrêt, pour cause d’opérations de maintenance.
Malgré cette perte de capacité de production, EDF est toujours tenue de fournir de l’électricité à bas prix aux gros consommateurs et aux fournisseurs alternatifs, dans le cadre du dispositif ARENH. La compagnie estime d’ailleurs que l’augmentation des volumes d’électricité bon marché distribués aux gros clients lui a coûté 8,34 milliards d’euros,. Elle vient de déposer un recours contentieux auprès du Conseil d’État, pour réclamer une indemnité correspondant à cette somme. En attendant, les mésaventures de l’atome privent la France de son titre de principal producteur d’électricité européen. Au premier semestre, le pays est devenu importateur net d’électrons. Le pays a laissé sa place à l’Allemagne et à la Suède.
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La rédaction Meilleurtaux