L’Espagne tente de faire renaître le projet de gazoduc MidCat
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
13 juin 2022 .
Temps de lecture :
3 min
Ces derniers mois, l’Union européenne cherche à se défaire rapidement de l’emprise russe sur son approvisionnement en gaz naturel. Les livraisons de GNL sont privilégiées. Profitant de cette aubaine, l’Espagne essaie de convaincre la France à relancer le projet de gazoduc Midi-Catalogne. Cette proposition enchante peu les dirigeants français.
À l’étude depuis 2003, le projet Midi-Catalogne concerne un gazoduc qui relie la commune de Barbaira, dans l’Aude, à Hostalric, au nord de Barcelone. L’infrastructure devait traverser les Pyrénées et renforcer l’interconnexion entre les deux pays, reliés seulement par deux pipelines de faible capacité. Faute d’accords politiques et économiques, les plans ont été remisés au tiroir. L’Espagne revient à la charge en mars dernier, considérant que la guerre en Ukraine a rebattu les cartes.
Cette infrastructure serait compatible au plan REPower EU, puisqu’elle faciliterait l’acheminement de GNL depuis l’Espagne jusqu’aux autres pays de l’Union. Elle réduirait en conséquence les importations en provenance de Russie.
Une initiative accueillie avec circonspection en France
Sur le papier, le gazoduc MidCat semble pertinent d’un point de vue pratique, stratégique et économique. Un rapide comparatif gaz montre qu’un tel ajout bénéficierait aux flux de gaz depuis l’Espagne vers la France.
ImportantCes livraisons couvrent 6 % des approvisionnements de l’Hexagone ces derniers mois.
Tous ces signaux positifs sont loin de rassurer les décideurs français. Jean-François Carenco, président de la CRE, s’inquiète du coût du projet, évalué à 440 millions d’euros en 2019. Il doute aussi de l’utilité de ce gazoduc, alors que tous les pays du nord et du centre de l’Europe accélèrent leurs investissements dans des terminaux de regazéification.
Pour le patron de la CRE, ce gazoduc entrera en service trop tard, même s’il renforcera effectivement l’interconnexion Espagne-France. Le temps d’obtenir les certifications et les autorisations environnementales, l’Europe aura largement diminué l’utilisation de gaz fossile. Et encore, le feu vert des autorités environnementales n’est pas garanti.
ImportantEn effet, le pipeline traverse des zones de haute montagne abritant des écosystèmes uniques et sensibles.
Le gouvernement espagnol et la compagnie Teréga, quant à eux, réfutent ces arguments. Selon eux, le gazoduc pourrait acheminer de l’hydrogène vert à travers les Pyrénées après la fin du combustible bleu.
Transférer plus de GNL à travers les Pyrénées
D’abord réticentes en 2019, les autorités espagnoles ont changé d’avis depuis le début de la guerre en Ukraine. Même la Commission européenne a retourné sa veste.
En mars, Ursula Von der Leyen avait jugé que MidCat pourrait jouer un rôle central dans la réduction de la dépendance européenne aux hydrocarbures russes.
L’Espagne possède actuellement la plus grande capacité de regazéification du GNL, avec six terminaux opérationnels sur les côtes méditerranéenne et atlantique. Ces infrastructures pourraient aider à diversifier les sources d’approvisionnement de gaz en Europe.
D’ailleurs, la France remplit déjà ses réserves en partie avec le gaz acheminé depuis l’Espagne. L’ajout d’un tuyau supplémentaire, comme MidCat, permettrait d’augmenter les livraisons de GNL vers la France et vers d’autres pays de l’UE. Bien que favorables à ce projet de gazoduc, les dirigeants espagnols fixent une condition : la réalisation du projet doit être financée entièrement par les Vingt-Sept.
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La rédaction Meilleurtaux