Le projet de labellisation des centrales à gaz divise
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
25 janvier 2022 .
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3 min
Le nucléaire n’est pas la seule énergie que la Commission européenne souhaite inclure dans sa taxonomie verte. Les centrales à gaz de nouvelle génération font aussi partie du lot. Le texte propose de qualifier le gaz comme énergie de transition. Cette initiative, défendue par un groupe de pays menés par l’Allemagne, est loin de faire l’unanimité.
L’Europe ambitionne d’atteindre le net zéro à l’horizon 2050. Pour y parvenir, le groupe des 27 entend orienter les investissements et les financements des banques et des organismes étatiques vers les activités vertueuses. Cela exclut d’emblée les sources d’énergies très polluantes, telles que le :
- Fioul ;
- Charbon.
La fin de ces énergies fortement émettrices en CO2 ne fait plus aucun doute. En revanche, la question se pose encore pour le gaz, un combustible provenant d’une filière réputée polluante et nocive pour l’environnement. Certains États européens demandent la classification du gaz comme énergie de transition et prolonger ainsi son utilisation.
La sécurité d’approvisionnement au détriment de l’environnement
En 2019, le gaz produit 19,6 % des besoins européens en électricité, selon un comparateur gaz. Cette part n’a de cesse de progresser, en partie à cause de la faible disponibilité du nucléaire (23,7 % du mix électrique) et l’intermittence des EnR. Le projet de taxonomie verte de la Commission européenne a peu de chance d’inverser cette tendance. Les analystes pensent même que cette réglementation incitera les compagnies européennes à investir davantage dans de nouvelles capacités de production d’électricité à partir du gaz naturel.
Ces nouvelles capacités pourraient être installées en Italie ou en Allemagne, des pays qui ne cachent pas leur envie de sortir du charbon et du nucléaire et qui défendent le maintien des centrales à gaz. Ces États croient que le gaz fossile permettra de garantir la sécurité d’approvisionnement en électricité, sans être trop dépendant des énergies renouvelables, ni du nucléaire. D’après Thierry Bros, professeur à Sciences Po, le projet de labellisation des centrales à gaz aura peu d’impact sur leur contribution dans le mix électrique de l’UE.
Cette énergie fossile, facilement pilotable, conservera son importance et permettra de faire face aux pics de consommation et aux chutes de la production dues à l’intermittence des centrales photovoltaïques et éoliennes. Cette réalité inquiète les associations environnementales. Elles craignent que les énergéticiens profitent de cette taxonomie verte pour labelliser de nouvelles centrales à gaz et retarder ainsi la réalisation de l’objectif de neutralité carbone en Europe.
Une labellisation soumise à des conditions
Le texte présenté par la Commission européenne précise les modalités de labellisation des futures centrales à gaz destinées à remplacer le charbon et le nucléaire. Pour obtenir la fameuse certification, les sites doivent obtenir un permis de construire avant 2030.
Les constructeurs devront aussi s’engager à limiter les émissions de CO2 de ces centrales à moins de 270 g/kWh d’électricité produite. Ce plafond est fixé à 500 kgCO2/kWh de capacité de production moyenne sur deux décennies.
Autre condition : les initiateurs des projets doivent apporter la garantie que leur centrale puisse utiliser progressivement de l’hydrogène ou du biométhane à l’avenir. La Commission souhaite que ces gaz bas carbone alimentent 55 % des besoins en combustible des centrales en 2030.
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La rédaction Meilleurtaux