Le charbon profite de l'envolée des prix du gaz en 2021
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
22 février 2022 .
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3 min
L'envolée des cours du gaz l'année dernière contraste beaucoup avec la dévaluation de cette même matière première en 2020, en pleine crise sanitaire. L'Agence internationale de l’Énergie a étudié de près ce rebond phénoménal, ainsi que ses conséquences sur le secteur énergétique mondial. Sans surprise, le charbon a été le grand gagnant de cette inflation.
Ces deux dernières décennies, l'Europe s'est efforcée de réduire sa dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles les plus polluants dans sa production d'énergie. Cette volonté se traduit par une multiplication des investissements et des travaux dans la production d'électricité renouvelable, en particulier les centrales solaires et photovoltaïques.
En conséquence, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du Vieux Continent n'a eu de cesse d'augmenter, au détriment du charbon et du fioul. Cette tendance a été brièvement interrompue en 2021, à cause de la flambée des prix du gaz naturel. Devenues compétitives, les centrales à charbon ont réalisé un retour en force spectaculaire.
Une voile d'incertitudes sur le marché de l'énergie
Dans son rapport publié le 1er février, l'Agence internationale de l’Énergie souligne les tensions persistantes autour de la production d'électricité. L' estimation consommation gaz en Europe reste floue, en raison des incertitudes inhérentes :
- À la situation géopolitique en Ukraine ;
- Aux conditions météorologiques difficilement prévisibles.
Si la crise en Ukraine vient à s'aggraver, l'approvisionnement en gaz provenant de la Russie sera fortement perturbé – et cela aura un impact énorme sur les prix et sur les consommations en Europe. L'AIE souligne toutefois que les pressions haussières exercées par la crise ukrainienne sont compensées par l' afflux plus important de GNL – surtout en provenance des États-Unis – et une stabilisation de la demande, à la faveur de températures hivernales plus douces.
L'agence prévient malgré tout que ce fragile équilibre pourrait disparaître à la moindre vague de froid ou en cas d’envenimement de la situation géopolitique et militaire à l'Est de l'Ukraine. Pour l'AIE, les circonstances actuelles sonnent comme un coup de rappel aux dirigeants européens. Ils devraient réexaminer la sécurité d'approvisionnement en gaz de leur pays. En effet, l'Europe importe de Russie plus d'un tiers de ses besoins en gaz naturel.
Les prix records du gaz profitent au charbon
Les avertissements de l'AIE s'accompagnent de statistiques qui mettent en exergue le bouleversement du marché de l'énergie sous l'effet de la flambée des prix du gaz. En 2021, les prix de gros en Europe ont quasiment quintuplé par rapport à 2020.
L'Asie a été touchée par une courbe assez similaire. Seuls les États-Unis ont été épargnés : le cours du gaz y a « seulement » doublé l'année dernière. La hausse de la production domestique et la forte croissance des importations provenant du Canada ont contribué à ralentir l'augmentation des prix outre-Atlantique. L'Europe n'a pas pu bénéficier de tels freins. L'accroissement de la consommation locale (+5,5 %) et la chute de la production domestique (-10 %) ont généré des tensions sur les prix. Or, au même moment, les livraisons russes ont diminué de 3 %.
Cette crise a pesé sur l'organisation de la production électrique en Europe et aux États-Unis. Les centrales à charbon ont de nouveau la cote auprès des énergéticiens. Au pays de l'Oncle Sam, l'électron produit à partir du charbon a augmenté de presque 19 % en un an. Au même moment, la production électrique des centrales à gaz a reculé de 3 %. En Europe, l'électricité générée par le charbon a cru de 11 % et celle produite avec du gaz a diminué de 1 %.
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La rédaction Meilleurtaux