La perspective des délestages tournants alarme les horticulteurs
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
20 décembre 2022 .
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3 min
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- Publié le par Meilleurtaux Energie
Les coupures de courant cet hiver peuvent être encore évitées, selon RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, ainsi que plusieurs membres du gouvernement. Malgré ces messages rassurants, l’inquiétude s’installe auprès de la population et, surtout, chez les entreprises qui dépendent énormément de l’électricité et du gaz. Les horticulteurs souffrent particulièrement de cette crise.
- Aujourd’hui, la perspective des délestages tournants inquiète particulièrement les horticulteurs.
- Pour pouvoir honorer les commandes de printemps et celles attendues en début d’année, aucun d’eux ne prévoit de fermer des serres pendant les périodes de grand froid.
- En cas de délestage, ceux qui ne disposent pas de groupes électrogènes risquent de perdre une bonne partie de leur production.
Même si EDF accélère le redémarrage des réacteurs nucléaires à l’arrêt, des tensions pourraient toujours perturber le réseau durant les pics de consommation. Les achats d’électricité auprès de l’Allemagne et des voisins européens risquent de ne pas suffire si la demande est trop élevée.
Dans ce cas de figure, RTE sera obligé de procéder à des délestages tournants par blocs de 100 000 clients. Cette perspective suscite de l’inquiétude chez les horticulteurs, qui suffoquent déjà sous le poids des factures énergétiques. Les fermes qui ne disposent pas de groupes électrogènes pourraient perdre une grande partie de leur production en cas de coupures de courant.
Réorganiser les serres et augmenter les prix
Par rapport à l’estimation consommation gaz de la profession, les horticulteurs font partie des plus gros clients des fournisseurs de gaz et d’électricité. Les plus grandes fermes qui gèrent des milliers de mètres carrés de serres sont donc particulièrement vulnérables à une éventuelle coupure de courant.
ImportantCertains horticulteurs ont pressenti le coup et ont investi dans l’achat d’équipements de secours et de groupes électrogènes de plus de 40 000 euros.
La filière modifie aussi ses habitudes et cherche tous les moyens permettant d’économiser de l’énergie. Au sein du Cercle des horticulteurs d’Île-de-France, 40 % des serres resteront fermés durant la période de chauffe la plus importante. Les abris qui restent opérationnels seront équipés d’écrans thermiques qui réduisent la consommation jusqu’à 30 à 40 %.
ImportantDans les installations les plus vastes, les professionnels utiliseront des cloisons amovibles afin de chauffer uniquement les parcelles qui ont en besoin.
Certains horticulteurs ont décalé leur calendrier de production pour réduire la charge énergétique. La profession se veut malgré tout rassurante. Les clients pourront toujours acheter des roses pour la Saint-Valentin et des chrysanthèmes à la Toussaint. Cependant, les acheteurs devront s’attendre à des hausses de prix proportionnelles à l’augmentation des factures de chauffage des serres. Le Cercle des horticulteurs franciliens espère limiter l’envolée de leur coût de production à 20 %.
Une catastrophe en cas de délestage en plein gel
Sur le plan financier, le fardeau des factures énergétiques sera inévitable. Aucun horticulteur n’envisage de fermer des serres cet hiver, afin d’honorer les commandes attendues en début d’année et au printemps. La profession mise beaucoup sur les ventes de plantes d’intérieur et de fleurs pour la fête des Mères, une date qui représente un cinquième de leurs revenus annuels. Les roses du 14 février et le muguet du 1er mai seront aussi au rendez-vous, même si le kilowattheure est facturé entre 109 à 150 euros pour les horticulteurs.
Ces derniers continueront de chauffer les serres qui abritent ces plantes, dont plusieurs sont particulièrement vulnérables aux chutes de température. Par exemple, les jacinthes, très demandées durant les fêtes de fin d’année, ne peuvent pas survivre si le thermomètre descend en dessous de 20 °C. L’œillet d’Inde, l’Anthurium, les Bégonias et beaucoup de plans de légumes ont aussi besoin de chauffage. Si les délestages frappent les serres en pleine période de gel, les horticulteurs qui n’ont pas de générateur de secours y laisseront des plumes… et une bonne partie de leurs fleurs.
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La rédaction Meilleurtaux