La flambée des prix du gaz perturbe déjà la demande industrielle
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
29 mars 2022 .
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3 min
Le combustible bleu contribue énormément à hauteur de 22 % dans le mix énergétique européen. Le gaz est aussi un ingrédient essentiel à la production de plusieurs produits industriels, tels que l'ammoniac et l'urée. Comme l’on pouvait s'y attendre, l'envolée des prix commence à détruire la demande en gaz du secteur industriel.
Depuis le quatrième trimestre 2021, la menace de la guerre ukrainienne, combinée à la reprise économique mondiale, a fait s'envoler le prix du gaz naturel sur le marché européen. Après une brève accalmie en début d'année, le gaz redevient volatil sur le TTF néerlandais, atteignant même un record de 345 euros/MW début mars.
Les pressions haussières étant dominantes, les prix de cette matière première resteront élevés pendant plusieurs mois. Cette situation affecte déjà l'activité de plusieurs secteurs industriels, dont la production dépend fortement du gaz naturel. Le cas du groupe Yara en France en est un parfait exemple.
Fortes perturbations de l'industrie des engrais
Le tarif gaz record sur le marché européen place les industriels dans une position inconfortable. Confrontés à des prix « exorbitants », plusieurs groupes ont dû ralentir leur production. C'est la solution retenue par Borealis, une entreprise chimique autrichienne spécialisée dans la production de polypropylène, de polyéthylène et d'engrais.
Pour le cabinet d'analyse Rystad Energy, cet évènement illustre déjà l'impact des prix élevés sur la demande industrielle de gaz. Si ces niveaux de prix se maintiennent, d'autres annonces de suspension ou de ralentissement de production se succéderont dans les prochains mois. En France, on s'habitue de manière progressive à ces communications loin de rassurer les économistes et les dirigeants. En décembre dernier, Aluminium Dunkerque avait ralenti sa production pour faire face à une forte augmentation du prix de l'électricité. Quelques semaines plus tard, la première fonderie d'aluminium d'Europe a été imitée par Nyrstar, le seul producteur de zinc en France.
Dernièrement, Yara a choisi la même voie. Selon le groupe, le gaz représente trois quarts des coûts de production de l'ammoniac, un composé incontournable dans la fabrication de nombreux engrais. Avec les prix élevés du gaz, cet important producteur d'ammoniac doit ralentir sa production. Dans les faits, la guerre en Ukraine et les cours du gaz perturbent l'ensemble du marché des engrais en Europe.
Yara réduit la voilure en France et en Italie
Trois gros exportateurs d'engrais – l'Ukraine, la Russie et la Biélorussie – sont impliqués dans le conflit. Selon les analystes de Citi, ce dernier risque d’entraîner un arrêt d'une part importante de la production d'ammoniac.
Au sujet de Yara, la suspension partielle de ses activités en France est également loin d'être négligeable. La compagnie opère plusieurs usines de fabrication d'engrais dans le pays, en plus d'une usine d'ammoniac et d'urée au Havre. Avec son autre site de production à Ferrare, en Italie, elle produit un million de tonnes d'ammoniac et plus de 900 000 tonnes d'urée par an. Le groupe ne pourra certainement pas atteindre ces objectifs cette année. Contraint de réduire les frais en pleine inflation énergétique, IL explique que ses deux complexes français et italien opèreront à 45 % de leur capacité dans les prochaines semaines.
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La rédaction Meilleurtaux