La Turquie accepte de payer en roubles une partie de ses importations de gaz russe
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
11 août 2022 .
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3 min
Frappée par de nombreuses sanctions occidentales visant son système financier, la Russie a répliqué rapidement. Elle exige aux pays « hostiles » de payer en roubles leurs achats de gaz. L’Union européenne a refusé cette demande. La Turquie a choisi une autre option : négocier un règlement partiel avec la monnaie russe.
Peu après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les États-Unis et l’Union européenne ont voté plusieurs paquets de sanctions. Début mars, les punitions gagnent en intensité : les banques russes sont exclues du système Swift, un réseau indispensable pour la gestion des transferts bancaires internationaux. Le 31 mars, Vladimir Poutine a répondu à son tour, en signant un décret qui impose aux acheteurs des pays « inamicaux » de payer en roubles leurs achats de gaz. Normalement, la Turquie, membre de l’OTAN et pays candidat à l’adhésion à l’UE, doit s’aligner sur la position de ses partenaires occidentaux. Il n’en fut rien.
Un choix stratégique en faveur de la neutralité
Alors que les pays de l’Union européenne cherchent à sortir rapidement de leur dépendance aux hydrocarbures russes depuis le début de la guerre en Ukraine, la Turquie fait le chemin inverse. Selon le comparateur gaz de 2021, les compagnies russes fournissent 45 % des importations de gaz du pays. La Turquie achète par ailleurs un quart de son pétrole auprès de la Russie.
Conscient des difficultés à trouver des sources d’approvisionnement alternatives, Ankara préfère maintenir le statu quo et ne pas sortir de sa dépendance envers le gaz russe. Ceci explique le choix du président Erdogan, qui préfère rester neutre dans le conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie. D’un côté, son pays fournit l’Ukraine en armes et en munitions.
En parallèle, les entreprises turques continuent de développer leurs relations économiques et énergétiques avec les firmes russes. Le récent accord trouvé par Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan conforte cette position d’équilibriste. Selon les économistes, la neutralité de la Turquie s’explique surtout par l’instabilité de sa situation financière. Depuis un an, la valeur de la livre turque a chuté de moitié, malgré les dizaines de milliards de dollars injectés par le gouvernement pour la sauver. En cédant aux exigences russes, Ankara économise ses réserves de devises en dollars.
Des livraisons payées partiellement en roubles
La décision turque est loin d’être évidente. La Turquie a longtemps hésité à accepter les demandes russes et a continué de régler en euros et en dollars ses achats de gaz. Le changement a été amorcé seulement après la dernière rencontre au sommet entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, à Sotchi, en Russie. Lors de cette réunion, qui s’est déroulée le 5 août, les deux dirigeants ont évoqué plusieurs sujets brûlants, dont la reprise des livraisons de céréales depuis les ports ukrainiens et la fin de la guerre. Ils ont aussi parlé de la coopération économique entre les deux pays.
À son retour de cette entrevue, le chef d’État turc a annoncé un accord consistant au paiement partiel des livraisons de gaz en roubles. Selon M. Erdogan, ce changement serait bénéfique pour les deux pays. En revanche, il n’a pas précisé le volume des échanges concernés par ces paiements en roubles.
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La rédaction Meilleurtaux