La crise énergétique affecte la production des métallurgistes français
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
31 août 2023 .
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3 min
La métallurgie constitue l’un des secteurs industriels les plus énergivores. Sans surprise, la flambée des prix du gaz et de l’électricité depuis plus d’un an touche au cœur même de l’activité des métallurgistes. Dos au mur, ces entreprises doivent réduire leur production. C’est ce qu’ont fait Nyrstar et Aluminium Dunkerque.
La menace plane sur l’industrie depuis plusieurs mois : l’explosion du prix de l’électricité n’a eu de cesse d’alourdir les charges qui pèsent sur les fondeurs de métaux, dont l’activité est particulièrement énergivore.
Dès novembre, les métallurgistes français ont demandé au gouvernement de relever le plafond de l’ARENH, le mécanisme leur permettant d’acheter de l’électricité à un prix fixe auprès d’EDF. Mais leur requête n’a pas été entendue. Devant l’importance des coûts énergétiques, certaines entreprises ont averti d’une possible interruption de l’activité début 2022, le temps que les prix de l’électricité se stabilisent. Deux fondeurs français ont mis leur menace à exécution.
Arrêt de l’usine de Nyrstar depuis le 1er janvier 2022
Confrontés à une hausse incontrôlée du prix du kWh sur les marchés, les métallurgistes voient leur rentabilité chuter inexorablement depuis quelques mois. Les chiffres présentés par le directeur de l’usine Nyrstar sont évocateurs. Ce producteur de zinc consomme chaque année 73 GW d’électricité pour produire jusqu’à 170 000 tonnes de zinc. C’est l’équivalent des besoins de Lille et de sa banlieue. Avec les prix actuels de l’électricité, produire du zinc est loin d’être rentable. Sur le marché « spot », le MWh se négocie en effet à plus de 400 euros en fin d’année, contre une moyenne légèrement supérieure à 350 euros par MWh sur le marché à terme.
En comparaison, le mécanisme ARENH fournit à Nyrstar de l’électricité bon marché, facturée à 42 euros le MWh. Seul problème, ce dispositif est plafonné et ne couvre que 56 % des besoins de l’usine située à Auby, dans le Nord. Le seul producteur de zinc de France n’a d’autre choix que d’arrêter ses fourneaux pendant au moins 2 mois. Cette décision impacte fortement les marchés mondiaux, où les cours des métaux s’envolent également depuis quelques mois. En début d’année, la tonne de zinc dépasse la barre des 3600 dollars et continue sur une tendance haussière à moyen terme. Le prix de l’aluminium, lui, a augmenté de 43 % en 2021, atteignant 2 800 dollars par tonne.
Aluminium Dunkerque contraint de ralentir sa production
Aluminium Dunkerque, un autre « électro-intensif » présent en France, subit également de plein fouet la crise énergétique. Le plus grand fondeur d’aluminium d’Europe fait face à des coûts de production devenus intenables depuis l’explosion des prix de l’électricité.
Important En effet, il faut consommer environ 15 MWh d’électricité pour produire une tonne d’aluminium en Europe.
Comme Nyrstar, Aluminium Dunkerque bénéficie aussi du mécanisme ARENH. Cependant, l’électricité achetée via ce dispositif ne couvre pas tous les besoins du site. L’usine doit encore s’approvisionner sur les marchés spot, où les tarifs franchissent de nouveaux sommets chaque jour. Le résultat sur l’activité de l’entreprise est immédiat.
Selon un syndicaliste, Aluminium Dunkerque aurait perdu 20 millions d’euros entre novembre et décembre 2021, à cause de la crise énergétique. L’usine a décidé de ralentir sa production pour limiter les pertes.
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La rédaction Meilleurtaux