Haro sur les factures d’électricité en France cet hiver
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
12 août 2022 .
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3 min
Près de six mois après, le conflit en Ukraine continue de peser sur tout le secteur énergétique européen. La situation en France est assez particulière : d’autres facteurs, liés au nucléaire, rajoutent de la pression sur les prix. Il convient de noter que ces derniers risquent d’atteindre des sommets cet hiver.
Dès le début de la crise de l’énergie à la fin de l’automne 2021, le gouvernement Castex avait promis la mise en place d’un bouclier tarifaire. Ce mécanisme de plafonnement limite l’augmentation des prix du tarif réglementé EDF – et des autres formules qui y sont indexées – à 4% sur l’ensemble de l’année 2022. Cette mesure exceptionnelle a nécessité une augmentation du plafond de l’ARENH et une réduction significative de la taxe CSPE. Avec la guerre en Ukraine et les problèmes structurels touchant les réacteurs nucléaires français, ces dispositifs d’urgence risquent d’être insuffisants pour empêcher une envolée de la facture électrique de la France cet hiver.
Une inflation liée à un système énergétique européen perfectible
En octobre, les ministres de l’énergie européens se sont réunis pour discuter des changements à apporter sur le marché énergétique de l’UE. Le bloc s’était alors fissuré en deux, entre les pays du Nord – qui estiment que les prix élevés étaient conjoncturels – et ceux du Sud, qui appellent à une réforme structurelle. La Roumanie, la Grèce… et la France font partie de ce second groupe. Pourtant, l’Hexagone semble avoir tout en main pour maîtriser le prix de son électricité, si l’on se réfère à la simulation consommation électricité sur son territoire. Jusqu’à 73% des électrons consommés en France proviennent en effet de l’atome, une filière théoriquement à l’abri des conséquences de la guerre en Ukraine.
Dans les faits, le prix de l’électricité française sur les marchés de gros est anormalement élevé. Pour les économistes, ce décalage trouve ses racines dans le caractère artificiel et spéculatif des prix sur les marchés de gros. La valorisation des échanges repose sur un postulat selon lequel toute demande en matière d’énergie peut être satisfaite, peu importe le prix. Les spéculateurs semblent oublier que d’autres solutions, telles que le rationnement ou la mise en place de délestages, existent. Au moins, l’écart entre le coût de production réel et les prix du marché pousse les dirigeants européens à réfléchir plus sérieusement à une réforme du système énergétique de l’UE.
Des prix aggravés par les déboires du nucléaire
Les défauts du marché européen de l’énergie ne sont pas les seuls responsables des prix élevés de l’électricité. Depuis quelques mois, la France souffre d’un manque criant de disponibilité de ses réacteurs nucléaires, après la détection de problèmes de corrosion sur 12 réacteurs.
EDF a en plus arrêté 18 autres réacteurs, pour cause de maintenance. En conséquence, l’électricien prévoit une production totale entre 280 et 300 TWh cette année, loin des 410 TWh de moyenne sur la période 2000-2015. Ces prévisions alarmistes impactent logiquement les prix à terme de l’électricité. En France, le mégawattheure livrable au quatrième trimestre se négocie à 910 euros fin juillet, contre 485 euros en Allemagne.
Un troisième facteur contribue à ces prix inédits : l’explosion du prix du gaz. Craignant un arrêt total des livraisons russes dans les prochains mois, les acheteurs accélèrent la reconstitution de leur stock. Le gaz disponible devient rare, d’où les tensions sur les prix. Entre juin et juillet, le cours des volumes de gaz livrables au quatrième trimestre a doublé. Or, le prix de l’électricité sur le marché de gros dépend principalement du coût de production de la dernière installation mobilisée pour répondre à une demande.
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La rédaction Meilleurtaux