Les avis divergent concernant les mesures prévues dans le cadre de la réglementation environnement 2020
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
8 janvier 2020 .
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4 min
Les campagnes pour la préservation de l’environnement battent leur plein. Au programme figure la limitation, voire la prohibition des émanations à effet de serre. Dans cette vision, un colloque a été organisé en début décembre au cours duquel a été avancée l’idée d’encourager l’usage du chauffage électrique au détriment du gaz. Une initiative qui semble susciter de nombreuses discordes entre les protagonistes.
Dans le cadre de la future réglementation environnementale (RE) 2020, certaines exigences réglementaires doivent faire l’objet d’importantes concertations au niveau des décisionnaires, notamment l’État. Les décisions impactant grandement sur l’usage d’énergie au sein de chaque foyer.
À l’heure actuelle, les débats subsistent quant à la meilleure manière de respecter l’objectif de neutralité climatique à horizon 2050. En effet, durant le colloque du 3 décembre réalisé par l’UFE (Union française de l'électricité), le recours à l’électricité a été mis en avant. Une initiative qui ne semble pas ravir les acteurs dans la filière gaz.
Par ailleurs, bon nombre de solutions avancées dans ce sens, comme la révision à la baisse du coefficient d'énergie primaire ainsi que la valeur du facteur d’émission carbone suscite de vives réactions, notamment chez les associations et des bureaux d'études.
La filière gaz réagit face au choix de l’État
Au printemps prochain, interviendront les arbitrages interministériels concernant les mesures à entreprendre dans le cadre de la RE 2020. En attendant, les débats sont à l’ordre du jour, notamment depuis que l’État a affirmé son choix quant à l’usage de l’électricité dans les bâtiments neufs, plutôt que le gaz.
C’est ce qu’a d’ailleurs confirmé le chef de service du climat et de l'efficacité énergétique au sein de la DGEC (Direction générale de l'énergie et du climat), Olivier David, lors de la conférence donnée par l’UFE qui s’est tenue dans la capitale, au début de ce mois. D’après lui :
« Il faut qu'on arrête d'avoir l'électricité honteuse dans le domaine du bâtiment (…). L'électricité est la solution pour pouvoir réussir l'atteinte de la neutralité carbone en 2050. »
Olivier David.
Un avis que Coénove, qui représente les acteurs de la filière gaz, est loin de partager en raison de sa divergence vis-à-vis de la réglementation thermique (RT) 2012. À Bernard Aulagne, président de l’association, de riposter :
« Nous trouvons inconvenant, si ce n'est choquant, que l'administration choisisse un colloque de l'UFE pour déclarer sa flamme à l'électricité et surtout, présente les choses comme une revanche de l'électricité, après une RT 2012 qui aurait favorisé le gaz. »
Bernard Aulagne.
Coénove pointe également du doigt la façon quelque peu arbitraire dont le contenu en dioxyde de carbone du kilowattheure électrique a été révisé dans le cadre de la prochaine RE. En réduisant à 80 grammes CO2/kWh cette valeur (elle s’élevait à 210, soit une baisse importante de 62%), les données risquent d’être faussées puisque la pointe hivernale ne sera plus considérée.
La révision de la valeur du facteur d'émission carbone, un sujet de discordes
Mais il n’y a pas que la révision de la valeur du facteur d'émission carbone qui occasionne actuellement des réactions controverses. Le calcul de la baisse du coefficient d'énergie primaire de l'électricité suscite également des débats. Il s’avère, en effet, que la réduction du coefficient à 2,3 au lieu de 2,58 est regardée de mauvais œil par Coénove. D’après Bernard Aulagne :
« L'Union européenne utilise une méthode objective pour calculer ce facteur de conversion : pourquoi ne l'appliquons-nous pas ?... Sauf qu'elle conduit à un coefficient de 2,7 ! »
Une opinion soutenue par l’association NégaWatt et le bureau d'études Enertech. Pour la première, cette valeur serait conforme à la structure actuelle de production d'électricité en France (estimations de 2018). Au gérant d’Enertech, Thierry Rieser, d’ajouter :
« En accord avec les règles européennes, nous devrions adopter la valeur actuelle du coefficient (…) soit 2,74, et le réviser dans cinq ans pour suivre les évolutions réellement constatées ! A minima le maintien du statu quo à 2,58 pourrait être une solution raisonnable qui éviterait de rouvrir ce débat explosif. »
Thierry Rieser.
Pour rappel, la DGEC a voulu la fixer à hauteur de 2,1 en raison du mix énergétique, dont l’évolution prévue en 2035 dans le cadre de la PPE (programmation pluriannuelle de l'énergie) qui doit être prise en considération d’un côté, les exigences européennes de la directive relative à l'efficacité énergétique des bâtiments de l’autre. Une idée que la filière gaz s’empresse de contrecarrer en argumentant que :
« Le retour du chauffage électrique par convecteurs à effet Joule peu performants et énergivores, conduisant à augmenter les besoins de puissance électrique en hiver (pointe électrique). »
Pourtant, l'association Équilibre des Énergies se montre favorable sur le fait d’aligner la valeur de l’indicateur sur :
« Le coefficient de 2,1, proposé comme coefficient par défaut par l'Union européenne et d'ores et déjà admis dans les règles d'écoconception et d'écoaffichage de composants essentiels tels que les pompes à chaleur […] celui de 2,58 ou d’un coefficient qui lui serait trop proche compromettrait définitivement les chances de respecter l'objectif de neutralité climatique à horizon 2050. »
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La rédaction Meilleurtaux