Les prix de l’énergie préoccupent les transports publics français
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
16 mai 2022 .
Temps de lecture :
3 min
Déjà mises à mal par la chute de fréquentation durant la pandémie, les sociétés en charge des transports publics français doivent résoudre un autre casse-tête, celui de la flambée des prix de l’énergie. Les opérateurs craignent une forte augmentation de leur facture énergétique, qui aura un impact certain sur leurs marges.
À la différence des particuliers et des industries électro-intensives, les sociétés de transport ne bénéficient pas des mesures exceptionnelles qui entrent dans le cadre du bouclier tarifaire appliqué à l’énergie. Ces dispositifs limitent la hausse de la facture de gaz et d’électricité des consommateurs concernés.
Même si la RATP, Transdev, SNCF et Keolis – les sociétés chargées des transports publics en France – ne s’offusquent pas de cette exclusion, elles ne cachent pas leurs inquiétudes vis-à-vis de la question énergétique. Leurs dirigeants envisagent de réclamer des aides auprès de l’État ou la mise en place de mécanismes de compensation comparables à ceux appliqués au transport de fret ferroviaire.
Priorité aux économies d’énergie et à l’anticipation
Si l’on se fie aux chiffres d’un comparateur énergie fiable, les prix du gaz et de l’électricité début mai 2022 sont nettement au-dessus de leur niveau de la même période en 2021. Le gaz naturel a vu son prix multiplié par quatre en un an, tandis que l’essence et le diesel évoluent autour de 2 €/L, sans la remise de 15 centimes de l’État. Pour l’électricité – largement employée dans le rail, les lignes de métro et les tramways –, le prix spot à un mois avoisine 240 €/MWh et le prix spot journalier dépasse 196 €/MWh.
Cette inflation galopante oblige les sociétés de transports publics à s’adapter. Chez SNCF Voyages, la riposte contre l’envolée des prix consiste à acheter à l’avance la quasi-totalité de l’électricité consommée sur un an. L’entreprise a déjà sécurisé 95 % de ses besoins en 2022. Néanmoins, les 5 % restants génèreront des surcoûts de quelques dizaines de millions, sans compter les dépenses supplémentaires à prévoir l’année prochaine. Les achats anticipés sont déterminants pour SNCF Voyageurs, sachant que la compagnie absorbe 1 à 2 % de l’électricité consommée en France chaque année.
Pour la RATP, la réponse à la crise de l’énergie se nomme « sobriété ». La société généralise l’écoconduite au sein de sa flotte et multiplie l’installation d’éclairages LED dans l’ensemble de ses lignes. La régie parisienne achète aussi en avance une grande partie de ses besoins en électricité. Ces mesures seraient malgré tout insuffisantes pour couvrir les surcoûts générés par la flambée des prix de l’électricité et du gaz. Les compensations décidées par les collectivités ou par les entreprises seront nécessaires.
Des centaines de millions d’euros à compenser
Justement, le format des mesures de compensation attendu par les opérateurs reste flou. Selon le DG France de Transdev,
Important Les contrats publics signés avec les collectivités locales prévoient une clause qui couvre l’inflation, du moins en partie.
Seulement, cette condition ne correspond pas vraiment avec la réalité des marchés. Le remboursement permet de restituer entre 30 et 40 % de la différence de prix. Le dirigeant de Transdev critique également le manque de réactivité des mécanismes de compensation. Sur ce point, le ministère des Transports rappelle qu’il incombe aux collectivités d’actualiser les contrats publics pour ne pas mettre les prestataires en difficulté.
Ce rappel à l’ordre n’aide pas vraiment les collectivités ni les opérateurs de transports publics. Ces derniers cherchent toujours à réduire autant que possible l’effet de l’inflation de l’énergie sur leurs marges. Pour Keolis, une filiale de SNCF, l’énergie constituera un peu plus de 10 % de ses coûts opérationnels cette année. En temps normal, ce pourcentage est limité à 8 ou 9 %.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux