La faible disponibilité du parc nucléaire français pourrait durer plusieurs mois
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
30 mai 2022 .
Temps de lecture :
3 min
Déjà confrontée à la flambée des prix du pétrole et du gaz depuis l’automne, la France doit aussi gérer un autre défi de taille : l’indisponibilité de dizaines de réacteurs nucléaires. Malgré ses déclarations se voulant rassurantes, l’ASN reconnaît que ce problème risque de s’étaler sur plusieurs mois, voire quelques années.
Au contraire de ses voisins européens, la France entend poursuivre sa politique énergétique unique, où le nucléaire occupe une place centrale. Plus de 60 % de l’électricité consommée dans le pays proviennent en effet d’un parc constitué d’une cinquantaine de réacteurs de 900 MW et de 1300 MW.
Seulement, ce choix s’est révélé pénalisant ces derniers mois, la faute à une faible disponibilité des réacteurs. Actuellement, 28 sur 56 en dotation sont à l’arrêt. 12 d’entre eux font l’objet de vérifications poussées après la découverte de corrosion sous contrainte sur un tuyau de refroidissement de sécurité du réacteur de Civaux.
Des incertitudes autour du prolongement de l’exploitation des centrales
Début 2022, le président Emmanuel Macron a plaidé en faveur d’une prolongation de tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être, afin d’optimiser la transition énergétique de la France. Il a précisé que ces prolongations ne doivent rien concéder sur la sûreté du parc nucléaire français. Or, sur la base d’un comparatif électricité et d’une évaluation de l’état actuel des réacteurs, le patron de l’Autorité de Sûreté nucléaire estime qu’un tel scénario conduira le système électrique national dans l’impasse.
Cela suppose en effet d’ajouter 10 à 20 années supplémentaires à la durée de vie initiale des réacteurs. Les renseignements fournis par EDF, l’exploitant du parc nucléaire français, indiquent qu’un prolongement de l’exploitation au-delà de 50 ans est compliqué, sinon inenvisageable. Bernard Doroszczuk, patron de l’ASN, a exposé ces faits lors de son audition devant le Sénat la semaine dernière.
Important Dans l’une de ces déclarations, il appelle les pouvoirs publics à réfléchir à deux fois avant de décider d’une prolongation de l’exploitation des réacteurs nucléaires français.
M. Doroszczuk a aussi confirmé que la faible disponibilité du parc nucléaire risque de durer plusieurs mois, voire quelques années. Selon lui, le traitement des anomalies détectées au niveau des soudures de tuyaux de refroidissement exige des réparations lourdes qui seront étalées sur plusieurs années.
Un risque moins élevé sur les réacteurs de 900 MW
ImportantToujours selon le patron de l’ASN, les problèmes de corrosion sous contrainte touchent surtout les réacteurs plus récents, ceux du « palier N4 » d’une puissance de 1 300 MW.
Depuis la découverte des défauts, ses experts ont déjà vérifié 35 soudures avec des ultrasons. Des contrôles et des découpes de tuyauteries ont été effectués sur à la centrale du Bugey et sur le réacteur de Chinon B3. D’ici juin, 105 soudures de conduits dans les autres réacteurs concernés seront analysées.
Sur la base du planning de contrôle remis par EDF, les risques de corrosion semblent épargner les réacteurs de 900 MW conçus par Westinghouse. Cette observation est quelque peu rassurante, sachant que ces modèles constituent l’essentiel du parc nucléaire français. L’ASN rappelle également que l’arrêt des 28 réacteurs n’est pas toujours lié aux problèmes de corrosion. Certains sites font l’objet de visites décennales, qui étaient prévues normalement en 2020, tandis que d’autres réacteurs doivent recharger leur combustible.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux