Les centrales à gaz compensent les difficultés du nucléaire français
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
13 juin 2022 .
Temps de lecture :
3 min
Frappées par un taux de disponibilité exceptionnellement bas, les centrales nucléaires françaises peinent à retrouver un rythme « normal » depuis le début de l’année. Ces faiblesses profitent à la production d’électricité à partir du combustible bleu. Les turbines à gaz tournent au maximum et fournissent une quantité d’électrons jamais atteinte auparavant.
L’atome reste l’élément majoritaire du mix électrique français en 2021, en dépit des nombreuses difficultés rencontrées par le parc de réacteurs nucléaires. Ces perturbations font suite à la découverte en octobre de problèmes de corrosion sur les tuyauteries du système de sécurité primaire de Civaux 1.
Depuis, l’Autorité de sûreté nucléaire a ordonné des contrôles dans toutes les centrales. Ces travaux prennent du temps et leur réalisation coïncide avec les visites décennales pour cause de tests ou de remplacement du combustible nucléaire. Cette indisponibilité récurrente pousse les gestionnaires du réseau à solliciter davantage les centrales à gaz.
Un avantage pour les producteurs d’électricité alternatifs
Les déboires du parc nucléaire français depuis quelques mois impactent significativement la production d’électricité dans tout le pays, si l’on se réfère à un comparateur énergie de RTE. D’ailleurs, les prévisions parlent d’une année historiquement basse pour l’électricité d’origine nucléaire, avec un volume attendu autour de 280 à 300 TWh d’après EDF.
En temps normal, l’Hexagone peut produire jusqu’à 340 TWh d’électricité nucléaire par an. Les concurrents d’EDF sont les grands gagnants de cette rétrogradation de l’atome. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la France achète son gaz à un prix relativement moins cher par rapport à ses voisins européens. Ses infrastructures de regazéification lui assurent des livraisons de gaz plus importantes et plus variées. Surtout, cette diversification lui permet d’obtenir une décote intéressante sur ses contrats d’approvisionnement.
Les exploitants des centrales à gaz – dont TotalEnergies, Engie et EDF – profitent de cette situation, surtout avec l’envolée des prix de l’électricité sur le marché. Par ailleurs, l’électron français coûte plus cher que dans les autres pays de l’UE.
Important Ce décalage entre les prix du gaz et le coût de l’électricité crée un effet ciseaux, qui devrait faire s’envoler les marges opérationnelles des producteurs d’ici 2023.
Un haut cadre de TotalEnergies prône néanmoins la prudence. La production d’électricité à partir du gaz fait face à de nombreuses menaces cet hiver, la plus handicapante étant l’arrêt éventuel de l’approvisionnement par la Russie. Si un tel évènement se réalise – et que l’Europe accélère la modification de sa politique énergétique –, les énergéticiens devront modérer leur activité sur le gaz cet hiver.
Une production record pour les turbines à gaz
Depuis janvier, la vingtaine de centrales à gaz que compte la France a produit environ 20 TWh d’électricité. Cette quantité est légèrement supérieure à celle qui a été observée début 2017, quand la production d’électricité à partir du gaz naturel s’est élevée à 41,1 TWh. La faible disponibilité des réacteurs était déjà responsable de ce recours massif aux turbines à gaz à cette époque.
Cette année, les experts tablent sur une production gazière située entre 40 et 50 TWh, soit une durée de fonctionnement de 5 000 heures pour les centrales à gaz. Les observateurs s’attendent donc à un exercice historique pour l’électricité issue du gaz naturel. Rien qu’en mai, la production nationale de cette filière caracole à 2,5 TWh, un niveau exceptionnellement élevé pour cette période de l’année.
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La rédaction Meilleurtaux