La création d’un second marché carbone inquiète les dirigeants européens
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
10 février 2022 .
Temps de lecture :
3 min
Lors de leur réunion qui s’est déroulée à Amiens fin janvier, la question de la création d’un second marché carbone européen, focalisé sur les combustibles de chauffage, a été posée aux ministres européens de l’Énergie et de l’Environnement. Le projet soulève de vives inquiétudes au sein des Vingt-Sept. Le débat reste ouvert.
L’Union européenne fait partie des premières régions du monde à instaurer un marché du carbone. Dès 2005, les entreprises œuvrant dans les secteurs de la raffinerie de pétrole, la production d’électricité et de chaleur, les aciéries, les cimenteries et les fabricants de verre et de céramique doivent compenser leurs émissions de CO2 avec des « droits à polluer » acquis sur ce marché.
Le coût du carbone impacte déjà les prix de vente pratiqués par ces industriels. Afin de réduire davantage les émissions de CO2 des Vingt-Sept, la Commission envisage d’y intégrer les :
- Fiouls de chauffage ;
- Carburants.
Diminuer l’empreinte carbone des bâtiments et des transports routiers
Malgré l’essor des véhicules électriques et hybrides, et la généralisation des techniques de construction « écologiques », les émissions carbone du bâtiment et du transport routier restent élevées. Sur un comparateur énergie, les transports routiers représentent jusqu’à 94 % de l’empreinte carbone du secteur du transport. Les poids lourds pèsent énormément dans ce bilan peu reluisant. De même, les bâtiments sont responsables de 38 % des CO2 rejetés dans l’atmosphère, si l’on compte les émissions :
- Opérationnelles (chauffage, consommation électrique, etc.) ;
- Directes (construction, rénovation, etc.).
Ces deux secteurs figurent à juste titre parmi les priorités de la Commission européenne en matière de rejets de CO2. D’où la proposition d’intégrer le fioul de chauffage et les carburants dans un second marché carbone, plus restrictif. Ce projet divise encore les États européens, dont nombreux redoutent les :
- Soulèvements populaires ;
- Mouvements sociaux de type « gilets jaunes ».
Virginijus Sinkevicius, commissaire européen à l’Environnement, ne l’entend pas de cette oreille.
Important Selon lui, cette mesure constitue un outil efficace pour réaliser l’objectif de neutralité carbone de l’UE.
Si le groupe des Vingt-Sept ne l’approuve pas, la Commission devra trouver des alternatives pour verdir l’activité des bâtiments et des transports routiers.
Un changement contraignant pour les ménages modestes
La Commission européenne souhaite élargir le marché des quotas carbone aux fournisseurs de fioul domestique et de carburant routier dès 2025. Cette modification aura un impact majeur sur les coûts de ces produits – et donc sur les pouvoirs d’achat des ménages les plus précaires et des entreprises.
Plusieurs ministres européens ont exprimé leurs inquiétudes à ce sujet, dont Barbara Pompili. La ministre de la Transition écologique française s’interroge si ce second marché carbone est la solution la plus efficace pour sabrer l’intensité carbone des transporteurs routiers et du bâtiment. Elle imagine plutôt des mesures alternatives, comme la fixation de plafonds d’émissions de carbone aux entreprises de ces secteurs.
Néanmoins, les ministres européens réunis à Amiens ont poursuivi les débats malgré leurs inquiétudes. Des discussions constructives ont eu lieu pour trouver des outils permettant de rendre cette réforme plus acceptable et plus facile à supporter d’un point de vue social et financier. Les États européens doivent arriver à un consensus avant de présenter le projet devant le Parlement européen.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux