Les défaillances du nucléaire menacent l’indépendance énergétique de la France
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
25 novembre 2022 .
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- Publié le par Meilleurtaux Energie
2022 est une année à oublier pour la filière nucléaire française. Entre les grèves, la reprise des visites décennales reportées durant le Covid et les problèmes de corrosion, la faible disponibilité des réacteurs a fait chuter la production électrique de l’atome. La conséquence est immédiate : la France devient un pays importateur net d’électron.
En 2014 et en 2015, la France n’achetait pas le moindre kilowattheure d’électricité à l’étranger. Sa filière nucléaire était à son apogée à l’époque. Huit ans plus tard, la situation a changé pour le pire. Le pays achète désormais son électricité auprès de ses voisins européens, en profitant des interconnexions avec :
- L’Allemagne ;
- La Belgique ;
- Le Royaume-Uni ;
- L’Espagne.
Cette dépendance accrue aux importations n’est pas sans risque sur la sécurité de l’approvisionnement. Le gestionnaire du réseau ne s’en cache pas et avertit que des coupures de courant alternées auront probablement lieu en janvier. Les achats d’électricité soulèvent aussi des problèmes d’ordre écologique.
De l’électricité importée à forte empreinte carbone
Les achats d’électricité auprès de l’Allemagne, de l’Espagne et des autres voisins européens placent la France dans une situation de dépendance. Or, ces importations devraient se poursuivre dans les prochains mois, selon la dernière estimation consommation électrique de RTE. La production des réacteurs français ne couvre pas encore les besoins des entreprises et des particuliers français, et ce, au moins jusqu’à la fin de l’hiver.
ImportantAu-delà des menaces sur la sécurité d’approvisionnement – surtout en cas de différends, de crise ou de pannes au niveau des interconnexions –, les achats d’électron à l’étranger interrogent sur le plan climatique.
Le bilan carbone de l’électricité acheminée depuis l’Allemagne est peu reluisant, ce pays se servant principalement du charbon pour sa production. Le Royaume-Uni n’est pas mieux placé , puisque son mix électrique repose en majorité sur les centrales fonctionnant au gaz naturel. La pertinence de ces importations interroge face aux engagements de la France en faveur d’une économie et d’un système énergétique décarbonés. Seules les importations depuis l’Espagne et la Belgique présentent un bilan carbone intéressant, en raison de l’apport majoritaire des renouvelables (hydraulique, éolien et solaire) et du nucléaire.
Importateur net d’électricité les deux tiers de l’année
En raison des faibles performances du nucléaire,
ImportantLa France est devenue un importateur net d’électricité pendant 213 jours sur l’ensemble de l’année 2022.
Le duo Allemagne-Belgique est de loin le principal fournisseur d’électron importé : les livraisons provenant de ces pays ont été dominantes pendant 156 « jours importateurs ».
La France a fait appel à l’Angleterre à 34 reprises et à l’Espagne à 23 reprises. L’électricité française continue d’être exportée, mais en de faibles volumes, vers l’Italie du Nord et la Suisse. Or, en plus d’être un casse-tête écologique, les importations massives ont aussi un impact économique et financier. Ces achats affectent la balance commerciale de la France.
Au cours du troisième trimestre 2022, le pays a acheté 7,2 milliards d’euros d’électricité auprès de ses voisins . Ces achats sont 42 fois plus élevés qu’il y a trois ans. Au lieu d’injecter des devises sur le marché, le système énergétique français fait ainsi perdre de précieuses réserves de devises à cause des importations. Sans cela, EDF serait dans une bien meilleure position et réaliserait des superprofits comme la plupart des énergéticiens européens.
- L’indépendance énergétique de la France est menacée par les défaillances du nucléaire.
- Il y a quelques années encore, le pays n’avait pas besoin d’acheter son électricité auprès de ses voisins européens.
- Les importations ont à la fois un impact économique, financier et écologique.
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La rédaction Meilleurtaux