Des restrictions de l’électricité pourraient intervenir à la mi-janvier
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
14 janvier 2022 .
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3 min
Face aux tensions grandissantes sur la production électrique française, le gestionnaire du réseau n’écarte plus la possibilité de coupures de courant ciblées à la mi-janvier. Cette situation exceptionnelle résulte en grande partie de la faible disponibilité des centrales nucléaires et du manque d’efficacité des énergies renouvelables, dépendantes de l’ensoleillement et du vent.
À la différence de ses voisins européens, la France parie sur le maintien de son parc nucléaire, du moins en partie, pour réussir sa transition écologique d’ici à 2050. Le président a annoncé de nouveaux investissements dans les SMR ou petits réacteurs modulables, présentés comme l’avenir de l’énergie nucléaire civile.
En attendant, le pays souffre grandement de l’indisponibilité chronique de ses sites nucléaires, qui l’obligent à recourir aux vieilles centrales à gaz ou au charbon et à importer des électrons allemands. Malgré ces solutions de repli, des doutes subsistent sur la capacité à subvenir aux besoins en électricité des industriels et des particuliers en janvier.
Généralisation des importations massives d’électricité
La situation énergétique de la France en décembre 2021 est peu glorieuse si l’on effectue un bref comparatif électricité par rapport à la même période en 2020. Longtemps exportateur net d’électrons, le pays doit se résoudre à s’approvisionner auprès de ses voisins européens pour assurer ses propres besoins. Durant la vague de froid de la semaine avant Noël, il a importé 13,4 GW d’électricité le matin du 20 décembre – un chiffre jamais atteint auparavant. Durant les deux jours suivants, les électrons importés s’élèvent à 12,9 GW. L’Allemagne a fourni entre deux tiers et trois quarts de cette électricité, en s’appuyant majoritairement sur ses centrales thermiques.
La France dispose bel et bien de centrales thermiques opérationnelles, mais ne peut pas les faire fonctionner au-delà de 700 heures par an, conformément à la loi énergie climat. Ses trois centrales charbon s’approchent d’ailleurs de leur fin d’exploitation. Les deux sites de Cordemais, en Loire-Atlantique, éteindront leurs fourneaux d’ici 2024. Dès le printemps 2022, la centrale de Saint-Avold, en Moselle, cessera de fonctionner.
L’arrêt de ces centrales pilotables soulève plusieurs questions, liées en grande partie à la fiabilité des énergies de remplacement que sont l’éolien et le solaire. Jusqu’à présent, les éoliennes peinent à se substituer aux centrales thermiques, à cause de la faiblesse du vent ces derniers mois. Cette énergie renouvelable couvre à peine 5 % des besoins durant la dernière semaine de l’année. En septembre, son facteur de charge est même descendu à 3 %, alors qu’il s’élève à 23 % en moyenne sur une année.
Défaillance du nucléaire et des possibilités de coupure
Le faible ensoleillement et le ralentissement des éoliennes tombent au plus mauvais moment. Le parc nucléaire traverse en effet une période compliquée, marquée par l’indisponibilité de près d’un tiers des réacteurs en décembre.
Sur les 56 réacteurs opérationnels, 17 étaient à l’arrêt à la mi-décembre. Entre 8 et 12 réacteurs resteront inactifs en janvier, à cause de travaux de sécurisation, de rénovation ou de rechargement de combustible. Leur indisponibilité rajoute une pression supplémentaire sur RTE, qui prévoit d’ores et déjà d’activer certains « leviers post-marchés ». Le gestionnaire pourrait inciter les industriels à activer leurs contrats d’incorruptibilité, qui leur permet de réduire leur demande d’électricité en échange d’une rémunération.
RTE envisage aussi de réduire de 5 % la tension sur le réseau de distribution. En cas de besoin, des coupures de courant ciblées auront lieu sur certains sites. Ces « délestages » programmés ne dureront pas plus de deux heures. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité entend aussi convaincre les ménages de limiter leur consommation durant les heures de pointe.
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La rédaction Meilleurtaux