L’indisponibilité du nucléaire français inquiète les analystes
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
10 janvier 2022 .
Temps de lecture :
3 min
La France fait partie des pays les plus dépendants à l’énergie nucléaire dans le monde. Plus de 60 % de son électricité vient en effet de l’atome. Toute défaillance de l’un des sites nucléaires impacte fortement la production électrique du pays, comme ce fut le cas durant les dernières semaines de l’année 2021.
À la différence de l’Allemagne ou de la Belgique, la France a fait le pari de maintenir son parc nucléaire et d’investir plus dans l’énergie atomique afin de mener à bien sa transition écologique. Le pays développe en parallèle d’importantes capacités de production d’énergies renouvelables, pour compenser la sortie progressive des énergies fossiles, le charbon en tête. Malgré ces efforts, les tensions sur le parc nucléaire français restent fortes.
Ces problèmes deviennent handicapants lorsque les énergies de remplacement, comme l’éolien et le solaire, peinent à suivre le rythme. La sanction est immédiate : la France doit importer plus d’électricité pour combler ses besoins.
Des importations records et un retour au fioul
Selon le comparatif électricité d’EDF, le nucléaire assure 67,1 % de la production électrique française en 2020. C’est le taux le plus élevé dans le monde, loin devant les grandes puissances énergétiques telles que :
- La Chine ;
- Les États-Unis.
Pourtant, l’atome français s’enfonce progressivement dans une crise structurelle inquiétante. Leur apport dans le mix énergétique national diminue, à cause de problèmes de disponibilité de réacteurs.
Important 17 des 56 réacteurs que compte le pays étaient à l’arrêt à la mi-décembre.
Ce problème perdure depuis plus d’une quinzaine d’années, sans que les pouvoirs publics ni les entreprises concernées réagissent fermement. Pour combler ce déficit structurel, les opérateurs ont dû faire appel à de vieilles centrales à charbon et au fioul en décembre.
Le fioul assurait ainsi 190 MW, un peu moins de 1 % de la production nationale, durant les jours précédents Noël. Le recours à ces ressources polluantes étant insuffisant, le pays s’est tourné vers l’importation d’électricité allemande ou du Benelux. Le mardi 21 décembre, les volumes achetés auprès des voisins européens ont atteint un nouveau record, à 12,9 GW. Certains analystes craignent que cette situation se répète plus souvent et de manière plus intense dans les années à venir.
Un défi atomique à ériger en priorité nationale
Pour les experts en stratégie énergétique, les problèmes de disponibilité du parc nucléaire français ne sont pas à prendre à la légère. Ces défaillances peuvent exacerber les tensions déjà grandissantes sur les prix de l’énergie durant les pics de consommation, comme en période de froid. Nicolas Goldberg, analyste chez Colombus Consulting, estime que des travaux majeurs doivent être réalisés pour empêcher toute indisponibilité supplémentaire au sein du parc nucléaire français. Les investissements annoncés par le président Macron dans les SMR (Small Modular Reactors) vont dans ce sens.
Lors de son discours du 9 octobre 2021, le chef de l’État français a annoncé 1 milliard d’euros d’investissements d’ici 2030 dans ces petits réacteurs modulaires, présentés comme l’avenir de l’énergie nucléaire de fission. Cette technologie jouerait un rôle déterminant dans la décarbonation du système électrique français et permettrait d’arrêter plus rapidement les vieilles centrales à charbon.
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La rédaction Meilleurtaux