Fortes tensions attendues autour des stratégies énergétiques de l’Union européenne
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
11 janvier 2022 .
Temps de lecture :
3 min
L’Union européenne s’est engagée à remplir les objectifs de l’accord de Paris, dont celui consistant à atteindre la neutralité carbone en 2050 au plus tard. Le chemin vers ce « net zéro » passe obligatoirement par un verdissement du système électrique du bloc. Cette transition soulève toutefois plusieurs questions et autant d’incertitudes.
Le mix énergétique de l’Europe accorde encore beaucoup d’importance aux combustibles fossiles, surtout le :
- Charbon ;
- Lignite ;
- Gaz naturel.
La raison en est simple : ces ressources sont facilement pilotables et ne souffrent pas de l’intermittence et de l’imprévisibilité propres à certaines énergies renouvelables, l’éolien en tête. Pourtant, plusieurs pays européens ont d’ores et déjà affirmé leur intention d’investir davantage dans les EnR et abandonner progressivement les énergies fossiles… et le nucléaire.
Certains analystes, sans questionner la nécessité de décarboner le système électrique européen, ne cachent pas leurs inquiétudes vis-à-vis des impacts d’une telle transition sur la sécurité d’approvisionnement des pays de l’UE.
Un risque de dépendance aux flux transfrontaliers
Selon une estimation consommation électrique du cabinet McKinsey, les flux transfrontaliers d’électricité en Europe s’élèveront à plus de 200 TWh en 2030. Une grande partie de ces échanges traversera l’Allemagne, destinée à devenir une plaque tournante des exportations et importations d’énergie au sein de l’Union européenne. La France, aujourd’hui exportatrice nette d’électricité grâce à son parc nucléaire, pourrait importer une partie de ses besoins en 2030, si elle poursuit son désengagement des énergies fossiles et maintient le même rythme de déploiement pour les EnR.
Le cabinet McKinsey estime que l’Hexagone aura besoin de 10 GW de capacités d’importation supplémentaires à la fin de la décennie. Ce changement créera une forte interconnexion entre le Benelux, la France et l’Allemagne sur le plan énergétique. Cela aura des effets imprévisibles sur la disponibilité de l’électricité dans la région. En cas de perturbation dans les sites nucléaires français – comme ce qui s’est passé en décembre – toute cette zone interconnectée devra trouver rapidement des solutions d’appoint, en sachant que les centrales à charbon et à gaz sont inaccessibles.
Le risque d’une flambée des prix durant les pics de consommation est réel. Un autre expert du cabinet de conseil Emerton abonde dans ce sens. Au-delà de l’abandon des énergies fossiles, l’intermittence des EnR pose aussi problème. Les conditions météorologiques en France, en Allemagne et au Benelux sont souvent similaires. Lorsque le vent chute ou lorsqu’il fait froid, c’est tout le réseau interconnecté de l’Europe du Nord-Ouest qui en subit ainsi les conséquences.
Investir plus dans les batteries et les renouvelables
Les prévisions de McKinsey et du cabinet Emerton reposent sur une hypothèse où la consommation électrique européenne évolue à un rythme « normal ». BCG, lui, s’attend à une augmentation massive des besoins en électricité de l’UE, même si l’Europe parvient à améliorer significativement son efficacité énergétique. Cette forte progression serait due à l’électrification des usages, un changement rendu nécessaire par le verdissement du mix énergétique européen. D’ici 2035, les énergies solaires et éoliennes représenteront 60 % de la production européenne, alors que le nucléaire descendra jusqu’à 23 %.
Sur la même période, le lignite et le charbon perdront respectivement 64 % et 78 % de leurs capacités actuelles. En l’absence d’alternatives énergétiques pilotables et fiables, les prix deviendront beaucoup plus volatils. Pour BCG, la solution consiste à multiplier les investissements dans les énergies renouvelables et accroître les capacités de stockage, en prévision de l’intermittence du solaire et de l’éolien. Le cabinet recommande aussi de maintenir la part du nucléaire à son niveau actuel.
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La rédaction Meilleurtaux