Le bilan énergétique du passage à l’heure d’été interroge
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
30 août 2023 .
Temps de lecture :
3 min
La France est passée à l’heure d’été le dimanche 27 mars dernier à 2 heures du matin. Ce changement d’heure, instauré en 1976, a pour objectif d’optimiser la consommation électrique. Dans les faits, les bénéfices énergétiques de cette pratique ne font pas toujours l’unanimité. 84 % des Français s’opposent même à ce mécanisme.
Lors du choc pétrolier des années 1973-1974, le monde subit pour la première fois une forte inflation des cours du pétrole et des hydrocarbures. Cet incident a pesé lourd sur le budget des ménages et des États européens.
Ils ont donc imaginé un moyen de réduire la consommation d’électricité produite à partir du pétrole ou du gaz naturel. Le changement d’heure a été la solution trouvée par les pouvoirs publics français. L’Union européenne a ensuite harmonisé les dates de passage à l’heure d’été et à l’heure d’hiver à partir de 1998. Près d’un demi-siècle après sa création, ce mécanisme ne convainc toujours pas.
Un bénéfice énergétique limité et contesté
Alors que le prix du kWh atteint des sommets début mars, la question du changement d’heure revient à nouveau sur la table. La Commission européenne a déjà interrogé l’utilité de ce dispositif en 2019. Bruxelles a même rédigé une ébauche de loi prévoyant sa suppression. Le Parlement européen a finalement retardé l’analyse du texte, jusqu’à ce que la pandémie et la guerre en Ukraine chamboulent tout le programme de l’UE.
En attendant, les opposants sont toujours plus nombreux. 84 % des Français seraient favorables à l’abandon de ce dispositif, selon un sondage effectué en 2019. Les détracteurs du changement d’heure critiquent ses effets négatifs sur la santé et sur le sommeil. Ils remettent également en cause sa supposée contribution dans les économies d’énergie en Europe.
En 2009, le changement d’heure a permis de réduire de 3,5 GW la puissance appelée à 19 heures en France durant le printemps et l’été. Selon les estimations de l’Ademe, cette diminution sera limitée à 2 GW en 2030. L’Agence précise que ce mécanisme pourrait générer des gains pouvant atteindre 130 GWh en 2030, à condition que la France se dote de systèmes de régulation automatiques de son réseau électrique. Sur un plan environnemental, cette quantité d’électricité non consommée correspond à une réduction des émissions de CO2 de l’ordre de 70 000 à 100 000 tonnes pendant l’été.
Des économies d’énergie de moins en moins perceptibles
Selon les estimations de l’Ademe, les économies d’énergie générées par le régime d’heure d’été plafonneront à 300 GWh/an d’ici 2030. Durant les années 2000, ces réserves atteignaient 440 GWh/an et jusqu’à 1200 GWh/an en 1996. Autrement dit, le bénéfice énergétique du changement d’heure n’a eu de cesse de diminuer.
En France, l’économie liée à ce mécanisme représente 0,07 % de la consommation nationale, soit l’équivalent des besoins de 70 000 foyers. Cette proportion oscille entre 0,5 et 2,5 % dans les autres pays de l’Union européenne, selon une étude réalisée en 2017. Pour ces raisons, de plus en plus de voix s’interrogent sur la nécessité de maintenir un système qui ne remplit plus ses objectifs initiaux.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux