La construction de six EPR2 coûtera plus de 50 milliards d’euros
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
10 mars 2022 .
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3 min
À la différence de ses voisins européens, la France mise beaucoup sur le nucléaire pour réussir sa transition écologique. Cela se traduit par la construction de six réacteurs nucléaires EPR de seconde génération. Ce projet titanesque a un coût : selon un rapport diffusé par le gouvernement fin février, la facture dépasse 50 milliards d’euros.
L’Allemagne, la Suisse et la Belgique font partie des nations européennes qui ont officialisé leur sortie progressive du nucléaire. Ces pays préfèrent articuler leur transition énergétique autour des énergies solaires et éoliennes. Leur stratégie et leur calendrier de scission avec l’atome sont plus ou moins connus. La France choisit une tout autre voie : en plus de développer des petits réacteurs modulaires, elle entend renforcer son parc avec des réacteurs de type EPR2. Connaissant les difficultés rencontrées par EDF sur ce type d’appareil, le pari du gouvernement est osé. Par ailleurs, plusieurs incertitudes – surtout financières – entourent la mise en œuvre de ce projet.
Un soutien financier massif attendu de l’État
Sur un comparatif énergie, le nucléaire domine encore les autres sources d’énergie primaire dans le mix électrique français. Plus de 60 % de l’électricité produite en France proviennent de l’atome. Cette emprise est loin de s’estomper, compte tenu du plan de renforcement du parc nucléaire. Après l’achèvement de Flamanville 3 – un réacteur EPR dont la construction a commencé en 2007 –, six nouveaux réacteurs utilisant la même technologie (eau pressurisée) seront développés par EDF.
Jean-Bernard Lévy, président de l’énergéticien, assure travailler activement dans la finalisation du programme de construction. L’industriel français se concentrera sur la partie technique et technologique du chantier. Le volet financier sera géré principalement par l’État et une structure de financement, qui devrait être distincte d’EDF. L’électricien contrôlera malgré tout une partie de ce véhicule de financement. La raison de ce montage est simple : l’exécutif veut payer une part majoritaire de l’addition, afin de réduire au minimum le coût de financement.
La contribution de l’État soulagera aussi EDF, dont la dette nette atteint 43 milliards d’euros à la fin de son dernier exercice. Elle impactera favorablement la facture finale pour le consommateur. Sans cette interposition, le coût du capital pourrait atteindre 7 %. Le mégawattheure de l’électricité nucléaire coûtera alors 100 euros ou plus. En revanche, avec un coût de financement à 1 %, le prix du MWh sera limité à 40 euros.
Au moins 50 milliards d’euros sur 25 ans
EDF précise que même avec l’ingérence de l’État, le coût de financement demeure inconnu. Tout dépend de l’issue des négociations en cours avec des investisseurs privés et avec la Commission européenne. Sans tenir compte du coût du capital, la construction des six réacteurs EPR2 nécessitera une enveloppe de 51,7 milliards d’euros « au moins », selon un rapport diffusé par Matignon. Cette estimation s’appuie sur un calendrier de mise en service à partir de 2037.
Le chantier pour les six réacteurs durera 25 ans environ. Chaque réacteur sera opérationnel pendant 60 ans à compter de la date de mise en service. Les 51,7 milliards d’euros chiffrés par EDF comportent 6,9 milliards de provisions pour les aléas, risques et incertitudes, et 1,7 milliard consacré au démantèlement. Toujours selon le cabinet du Premier ministre, la facture finale pourrait augmenter de 4,6 milliards d’euros en cas de difficultés de mise en œuvre.
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La rédaction Meilleurtaux