Électricité : baisse des prix face à une production excédentaire, mais les consommateurs n’en profitent pas
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
15 avril 2024 .
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3 min
Alors que l’Europe traverse une crise énergétique sans précédent, la France, paradoxalement, se retrouve dans une situation d’abondance électrique. Grâce à une production importante, les prix de l’électricité ont chuté à des niveaux record. Pourtant, cette manne ne se répercute pas sur les consommateurs français.
Production excédentaire et records d’exportations
La France, habituelle exportatrice d’électricité, a connu une inversion de tendance en 2022, devenant importatrice nette. Mais depuis 2023, le pays a retrouvé sa position dominante sur le marché européen, enregistrant un solde positif de 50 TWh. Cette résurgence s’explique par une conjonction de facteurs favorables :
- Des températures douces : la demande d’énergie est restée relativement faible en raison d’un hiver clément.
- Un redressement de la production nucléaire : une quarantaine de réacteurs EDF sont actuellement en service pour couvrir les besoins nationaux.
- L’essor des énergies renouvelables : les barrages hydroélectriques et les éoliennes tournent à plein régime, profitant des conditions météorologiques favorables.
Le surplus d’énergie se reflète dans les niveaux d’exportations inédits, qui atteignent près de 20 TWh au premier trimestre 2024. Les prix à court terme de l’électricité en France ont également chuté, se situant autour de 13 euros le MWh contre 71 euros en Allemagne.
Des mécanismes opaques et des taxes contre-productives
Malgré cette situation favorable, les consommateurs français ne bénéficient pas pleinement de cette baisse des prix de l’électricité. En effet, le mode de calcul des tarifs, basé sur les accords à terme, lisse les hausses sur le long terme, mais ne réagit pas efficacement aux baisses conjoncturelles. Ainsi, le prix contractuel pour les entreprises en 2025 reste élevé (71 euros le MWh), bien qu’inférieur à celui de l’Allemagne (78 euros).
De plus, la politique fiscale du gouvernement semble contre-productive. L’électricité produite en France, décarbonée, est aujourd’hui plus taxée que le gaz importé, émetteur de CO2. Cette incohérence pénalise les consommateurs français et freine la transition énergétique.
Des enjeux stratégiques
Des prix d’électricité plus bas pour les entreprises françaises constitueraient un levier majeur pour leur compétitivité sur le marché européen. En effet, un coût de l’énergie réduit se traduirait par des marges bénéficiaires plus importantes, des tarifs de vente plus attractifs et une capacité accrue à investir dans l’innovation et la création d’emplois.
Par ailleurs, une baisse des tarifs d’électricité soulagerait le budget des collectivités locales et redonnerait du pouvoir d’achat aux ménages français, particulièrement aux plus fragiles. Sans oublier ses effets vertueux sur la transition énergétique.
- La France se trouve dans une situation unique, avec une production d’électricité excédentaire et des prix en chute libre.
- Cependant, des mécanismes opaques et des taxes contre-productives empêchent les consommateurs français de profiter pleinement de cet avantage.
- Il est urgent de revoir les politiques tarifaires et fiscales pour que la France puisse tirer parti de cet atout énergétique et accélérer sa transition vers une économie plus durable et compétitive.
Écrit par
La rédaction Meilleurtaux