Le dilemme des majors pétroliers face à leurs bénéfices records
Écrit par La rédaction Meilleurtaux .
Mis à jour le
9 mai 2022 .
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3 min
Au premier trimestre, l’envolée des prix des hydrocarbures préoccupe les consommateurs, inquiets de leur pouvoir d’achat. En revanche, cette situation est une aubaine pour les compagnies pétrolières. Mais ces géants de l’or noir héritent d’un autre problème : comment utiliser leurs marges exceptionnelles sans s’attirer les foudres des autorités.
En début d’année, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale ont fait s’envoler les prix du pétrole à plus de 100 dollars par baril, après plusieurs mois de creux post-Covid. Ces pressions haussières ont ensuite été renforcées par la crise en Ukraine. Les menaces de boycott à l’encontre des hydrocarbures russes maintiennent les prix spot et à terme à des niveaux élevés.
La forte inflation pèse beaucoup sur le pouvoir d’achat des consommateurs, mais constitue une manne financière pour les géants du pétrole. Cette performance exceptionnelle les place dans une position inconfortable, entre :
- Désir de contenter les actionnaires ;
- Volonté de ménager l’opinion publique.
Des pétroliers satisfaits et prudents en même temps
Un rapide coup d’œil sur un comparateur énergie fait apparaître les bénéfices records engrangés par les compagnies pétrolières depuis le début de l’année. Par exemple, BP en réalise 6,2 milliards de dollars, soit deux fois plus que ceux du premier trimestre 2021. Le néerlandais Shell, lui, enregistre 8,7 milliards de dollars de profits, contre :
- 4,9 milliards de dollars pour TotalEnergies ;
- 3,27 milliards de dollars pour ENI ;
- 5,5 milliards de dollars pour ExxonMobil.
Selon les estimations des analystes,
ImportantLes cinq supermajors américains et européens totalisent un peu plus de 34 milliards de dollars de bénéfices nets au premier trimestre.
Il faut remonter jusqu’en 2011 pour retrouver une performance pareille. Ces profits exceptionnels attirent logiquement l’attention du public et des autorités. Aux États-Unis, les dirigeants d’Exxon et de Chevron ont été convoqués devant la Chambre des représentants pour expliquer leurs intentions vis-à-vis de ces marges inhabituelles.
Les parlementaires américains en ont profité pour leur demander d’intensifier leurs investissements dans le secteur pétrolier aux États-Unis. En attendant, des élus suggèrent d’instaurer une taxe exceptionnelle sur ces surprofits, afin de financer les plans de rabais sur les prix à la pompe. Des propositions similaires sont véhiculées par les politiques et les médias de l’autre côté de l’Atlantique. Seulement, les dirigeants des compagnies pétrolières se veulent prudents.
Le PDG de TotalEnergies souligne ainsi le « risque d’inflation », qui commence à se faire sentir dans l’industrie pétrolière. Le groupe préfère ainsi orienter ses investissements dans les énergies renouvelables et le GNL, au lieu de financer l’exploitation de nouveaux champs pétroliers. Le géant français poursuit également sa stratégie d’assainissement du bilan. Grâce aux bénéfices nets du premier trimestre, il voit son endettement net tomber à 12,5 %.
Des majors attentifs à la situation économique mondiale
Les motifs financiers seuls n’expliquent pas la prudence affichée par les compagnies pétrolières. Ces entreprises font face à de vives pressions politiques et sociales, concernant l’utilisation de leurs surprofits. D’un côté, les actionnaires exigent plus de rachats d’actifs et de dividendes, afin de profiter au mieux des cours élevés du pétrole et du gaz naturel.
Cette option enchante moyennement les pétroliers. Ils hésitent à accorder de telles largesses dans le contexte économique actuel, pendant que les consommateurs souffrent :
- De l’inflation ;
- De la pénurie de matières premières ;
- Des perturbations du marché de l’emploi.
D’un autre côté, l’envolée des prix du pétrole et du gaz pourrait s’inverser à tout moment. Malgré les fortes pressions haussières, le marché des hydrocarbures reste volatil. Face à ces contraintes, les compagnies pétrolières n’ont d’autre choix que de modérer leurs investissements et les rétributions des actionnaires.
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La rédaction Meilleurtaux